à un degré exquis que nous ne saurions atteindre. Voilà aussi pourquoi l’humanité dégénérée a laissé naître au milieu d’elle cette plante amère inconnue aux anciens. Jupiter et Jéhovah étaient les dieux symboliques de la Force ; notre Christ, au visage éloquent et doux, est le Dieu du sentiment mélancolique et de la souffrance.
Voyez comme je pouvais facilement faire un volume de ces quelques considérations que je vous distribue toutes sèches ! Mais un volume ne vous en dirait pas plus qu’une phrase, et je ne vois pas qui pouvait me forcer à fatiguer ma plume à vous délayer une sauce que vous mangerez fort bien telle qu’elle est.
Vous voilà donc comme moi, et vous trouvez sans autre exemple ce fait avéré : mélancolie, maladie. Mon système est un peu brutal, et tient peu de l’idéalisme, dont je fais profession. À vous d’en apprécier la justesse.
1° Je souffre, et je ne sais pourquoi. Donc, il y a en moi un organe malade. Cherchons à guérir cet organe.
2° Et savez-vous quel est le meilleur remède à la mélancolie ? Une tasse de thé.
Ces pensées successives m’ont rasséréné. La mélancolie, indignée d’être traitée à la façon de Molière, m’a fort impoliment tourné le dos, et, trouvant ma fenêtre entr’ouverte, en a profité peur s’envoler.
Bon voyage !