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mais individualiser encore le pronostic. Les circonstances particulières du fait peuvent faire varier beaucoup les présomptions. Il existe cependant des points de repère auxquels il est tout d’abord assez facile de se rattacher. C’est ainsi que l’on est à peu près convenu de classer parmi les chances favorables le sexe féminin, la complexion robuste, la stature élevée, l’intelligence très-développée, l’âge avancé, le début récent, la rareté, la bénignité et la ressemblance parfaite des crises, tandis que l’on considère comme chances indifférentes l’hérédité, le tempérament, l’état civil, le degré d’aisance des malades et l’heure des attaques. Quant aux chances défavorables, elles consistent, comme chacun a pu le remarquer, dans le sexe masculin, la naissance avant terme, l’atrophie des membres, l’imbécillité, l’idiotie, les accès de délire maniaque et impulsif, l’âge viril, la période de fécondité chez la femme, la fréquence des crises et la coexistence chez le même malade de vertiges, d’accès incomplets et de grandes attaques.

À l’aide de ces principaux fils conducteurs, on peut déjà se faire une opinion sommaire sur l’issue éventuelle du cas particulier qui se présente, mais il faut interroger ensuite avec un soin minutieux chaque fonction, chaque appareil, s’assurer autant que possible de l’existence de la cause, remonter à l’origine des accidents, en suivre les phases, en saisir le caractère et en pressentir les conséquences. Tous les malades, jeunes ou vieux, petits ou grands, garçons ou filles, ne tombent pas en vertu des mêmes motifs, ne sont pas soumis aux mêmes influences et ne s’ébattent pas de la même manière. Les aptitudes sont individuelles. Il faut donc diversifier l’affection et catégoriser les conditions très-particulières dans lesquelles elle se présente : en un mot, il faut spécialiser.

Les innombrables échecs thérapeutiques tiennent enfin au défaut de persévérance de la part des médecins et des familles. Je rencontre chaque jour des épileptiques au Dépôt des prévenus, à la préfecture de police, et je m’informe minutieusement