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sont rien autre chose que des manifestations initiales ou que des accès incomplets d’épilepsie. C’est le petit mal des auteurs. Ces « fausses crises », comme les appellent certains malades, sont toujours invariablement les mêmes ; elles sont calquées les unes sur les autres, identiques en tous points, stéréotypées. Une fois que l’accès incomplet s’est produit chez un individu de telle ou telle façon, l’empreinte est prise et le cliché reste. A chaque accès subséquent, une nouvelle épreuve est tirée.

L’attaque d’épilepsie — le grand mal — n’amène pas le plus souvent la cessation des accès incomplets ; elle en traverse capricieusement le cours ou elle alterne avec eux. Herpin (de Genève) a dit qu’il n’existait aucune différence entre la crise incomplète et le début de la grande attaque. Il a eu raison, car l’accès incomplet représente fidèlement l’attaque réduite à ses symptômes initiaux. L’un est le diminutif de l’autre.

Ce qui prouve bien encore que le petit mal n’est en somme que le grand mal avorté, c’est que l’épilepsie se termine comme elle a commencé. Qu’un traitement perspicace, méthodique et persévérant intervienne, et, dans les cas heureux, la rétrocession pathologique ne porte d’abord que sur la fréquence, la durée et la gravité de l’attaque. Les accès incomplets ne sont influencés que beaucoup plus tard.

Ce qui a contribué encore à multiplier les revers thérapeutiques, c’est que l’on a considéré à tort l’épilepsie comme ayant une essence unitaire, que l’on n’a point catégorisé les nuances diverses de la maladie, et que, suivant les idées de l’époque, on a dirigé contre tous les cas de mal comitial un traitement invariable. Mais c’est entreprendre une tâche absolument impossible que de distribuer les mêmes remèdes à tous ses malades, et le bromure de potassium qui, administré d’une certaine façon, conduit souvent à des résultats si surprenants, est loin d’agir sur tous les épileptiques avec un égal bonheur.

Lorsqu’on se trouve pour la première fois en face d’un épileptique, il faut non-seulement individualiser le diagnostic,