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stalactites de glace, produites par des suintemens qui sortaient de la lave, et plusieurs d’entre elles atteignaient sept à huit pieds de haut. La vapeur qui s’élevait en abondance s’attachait bientôt aux branches sèches des arbres et des buissons ; un givre soyeux s’y déposait lentement, augmentait tous les jours, tombait au moindre vent, se renouvelait encore et résistait au soleil, dont quelques rayons pénétraient obliquement dans la vallée. Royat était couvert de neige, et son église gothique élevait, comme un signe de l’éternité, la guirlande de lierre qui couronne ses ruines. Le puy de Dôme, d’un blanc éclatant, se détachait au loin du ciel le plus pur, et le soleil qui finissait sa course, répandait encore sur la Limagne une clarté dont la vue ne pouvait supporter l’éclat.

Depuis cette époque, Royat a été le théâtre d’un événement désastreux ; onze personnes y ont perdu la vie, entraînées par le torrent, avec les débris des nombreuses usines que nous venions de visiter. Ce malheur arriva le le 16 juillet 1855. Le matin, un soleil brûlant éclairait l’Auvergne ; mais les arbres de Royat, déjà couverts de leurs feuilles, arrêtaient ses rayons ; l’ombre et la fraîcheur régnaient sous ses vieux châtaigniers, dans ses profonds