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C’est toi qui fis couler le calme dans ses veines ;
Ta pierre s’amollit, tu te couvris de fleurs
Pour adoucir sa pose et charmer ses douleurs,

» Aux chants de mille oiseaux la vierge se réveille,
Et c’est encore l’amour qui parle à son oreille.
Triomphe, heureux vallon ! tu fis sa sûreté,
Tu recevras le prix de l’hospitalité ;
Elle veut t’enrichir, te combler sans mesure
Des biens et des attraits épars dans la nature ;
Elle veut que ces bords disent au voyageur
Que d’une enchanteresse ils ont fait le bonheur.
D’abord pour consacrer la grotte hospitalière,
Un éternel bienfait va couler de sa pierre.
Dix fois d’un doigt magique elle parle au rocher :
Le trait n’est pas plus prompt sous le doigt de l’archer ;
L’eau jaillit à grands flots ; dix sources écumantes
S’échappent en grondant de leurs prisons béantes :
Et d’un bruit si nouveau le pâtre stupéfait
Frémit d’abord, s’approche, et bénit le bienfait.

» Qui dirait les trésors apportés par ses ondes,
Les rouages criant sous leurs chutes fécondes,
Les grains qui par la meule à grand bruit écrasés,
Vont rendre la vigueur aux mortels épuisés ?
Les prés sont abreuvés, la campagne est fleurie :
La riche agriculture entretient l’industrie.
De l’orge et du houblon s’arrogeant les vertus,
L’eau va rivaliser la liqueur de Bacchus ;
Ici la noix pressée éclaire ou nourrit l’homme ;
Là le pauvre ravit son breuvage à la pomme ;
Là naissent des feuillets qui prendront une voix
Pour défendre les mœurs, la liberté, les lois.