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yeux de leurs parens et de leurs amis, dont les cris déchirans ne pouvaient les secourir. Chamalières et une partie de Clermont furent atteints par le même fléau, et ce ne fut que dans la soirée que l’on put commencer à chercher les morts. C’est alors que l’on vit tout ce que l’événement avait d’affreux. Les cadavres étaient ensevelis sous de puissans troncs d’arbres, ou arrêtés par leurs vêtemens dans leurs branches déchirées ; de pauvres enfans tenaient encore leur mère ; long-temps elle avait lutté contre la mort, se soutenant à une croisée et protégeant sa famille, mais la maison fut emportée par l’eau et leur servit de cercueil. Le désespoir était à son comble ; le père des malheureux enfans qui venaient de périr arriva bientôt après et cherchait inutilement sa maison et sa famille. Il ne pouvait croire qu’il avait été si cruellement frappé, il craignait de se tromper et cherchait ailleurs une habitation qu’il ne devait plus retrouver. Les bestiaux attachés dans les étables avaient inutilement mugi ; en vain ils avaient brisé les liens qui les retenaient, leurs corps flottaient avec ceux de leurs maîtres. Royal n’était plus qu’un vaste amas de ruines ; d’énormes blocs de lave et de granite cachaient les rouages de ces nombreux moulins que l’eau venait d’em-