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LETTRES MISSIVES


couvrir ce qui se passera envers le dict roy et eux, au sejour qu’ils feront par delà, comme pareillement ce qu’y aura profité le dict prince Louis en son voyage, et le jugement qu’il en fera. _ Mais pou_r en venir au point principal duquel il s'agit entre nous, ~ et que je recognois estre la vraie pierre de touche pour juger de la candeur et franchise de leur amitié, je `vous diray que je n’eusse jamais creu que le dict roy et le grand tresorier eussent rejetté, de la façon qu’ils ont faict, les conditions que vous leur avés proposées pour le `paiement des debtes qu’ils pretendent que je letn* dois, tant pour l’equité de la dicte ouverture, que pour le doubte auquel nous sommes encore jusqu’à present demeurez de la verité de cette pre- tention, et mesmes en la saison ou nous sommes, et aux affaires qui se presentent. aujourd’huy, ou il va de l’interest commun de nos estats _ et royaumes, et qu’il est tout besoin que l’on saiche que nous sommes unys de volonté et d’eH’orts. Et _a la verité, si je n’eusse esté retenu des considerations publiques, j’avois assez d’occasions, par ce que l’un et l’autre vous ont declaré, de vous faire revenir sans rien faire, ce qui eust, à mon advis ; autant prejudicié a eux qu’à moy, tant pour le present que pour l’advenir ; nos allaires estans, graces à Dieu, en estat que je puisse me passer aussy tost de l’assistance et amitié- de mes _ voisins qu'eux de la mienne. Mais je veux avoir, comme je vous dis, plus d’esgard au public qu’à mon ressentiment particulier. Il est quel- quefois bon de dissimuler tels traictemens pour ne negliger les occa- sions qui s’oH’rent de bien faire à la cause commune, et neantmoins en faire prollict et en retenir la cognoissance, pour servir de con- _ duicte à l’advenir. Pour cela je trouve bon`, allin de ne rompre entie- rement, que le payement des six cens mille livres se face en deux,, années, à compter du jour du contract qui en sera passé, et que je i ne sois obligé à commencer le payement devant la fin de la premiere — ' année, ayant esté contrainct de me consumer en grands frais depuis quelque temps pour advancer mes levées de gens de guerre. Bien ’ entendu tousjours que si je l’ay avec le roy d’Espagne et avec les ar- chiducs de Flandre, je ne seray tenu durant icelle a aucun payement