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LETTRES MISSIVES


incommoder ; jugeans en cela de mon naturel et courage par le leur ; lequel tant s’en fault qu’il en soit abattu, qu’il s’en releve pour s’ever— ' tuer davantage à tirer raison d’une telle indignite. le me promets qu’ils seront confondus, aux pernicieux desseings qu’ils.deliberent de fonder et dresser à mon prejudice sur sa desobeissance, et que je . seray assiste et seconde de la bonté divine aux resolutions que je seray_ conseille de prendre en ceste occasion. Le roy mon dit frere a raison de juger l’incertitude des princes iuteressez en la succession de Cleves, ce qu'elle merite en uneioccur- rence si pressée qnfimportante a eux et a leurs amys. Je continue _ tout devoir de recommandation et remonstrance à l’endroit des princes possedans let leurs alliez, pour leur faire cognoistre le peril qui ap- proche, la necessite d’un prompt secours, et Fadvantage que pren- dront sur eux leurs adversaires, si au commencement ils viennent à avoir quelques bons succes de leurs entreprises, et qu’ils ne soyent _ assez puissans pour en prendre leur revanche. Jlespereique pour cela le voyage qu’ail’aict vers eux île prince Christian d’Analt, au partir d'aupres de moy, ne sera inutile, ains qu’il servira grandement à leur faire penserlcomme il fault à la deffense et conservation de leur pos- session, et à exciter les autres princes unys à advancer le secours cy- devant promis. Quant au mien, il serabientost en estat d'estre employé, avec lequel je fais mon compte de marcher en personne le xx° du mois prochain ; et il sera de telle qualité que je_m’asseure que mes ` amys en seront autant confortez que leurs ennemys intimidez et retenus en leurs entreprises. Je veux croire que les forces que le roy mon frere entend lever et employer pour sa part au mesme effect seront prestes en mesme temps ; lesquelles toutesfois feusse bien desire, et eust este fort à propos qu’elles se feussent advance les premieres, comme estans les plus proches, pour- consoler les dicts princes, atten- dant le gros des troupesde leurs amys et confederez. Mais j'ay bien remarque qu’il n’a voulu le premierles exposer au hazard, voire, a . mon advis, qu’il a doubte aucunement si à bon escient je les assisterois, pour n’y tremper tout seul ; encore, à ce que je crois, que ce ne sera