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LETTRES MISSIVES


par delà de ce poinct ; car je ne souhaite pas qu’il vienne à la cognois— sance du roy mon dict frere, tant qu’il me restera quelque subject d’esperance que les dicts princes changeront de conseil, affin de i ne decrier nostre bonne intelligence sur ces occurrences, les evene mens desquelles les touchent de plus pres et leur importent encore plus qu’à moy. Donc, vous n’en parlerés au roy mon dict frere, si 0 vous ne recognoissés qu’il en ayt sceu quelque chose d’ailleurs, n comme il pourra advenir que le dict prince de Wirtemberg ou le dict s' de Brekausen auront peut-estre charge de l’en informer, soit pour justifier le dict refus, ou pour prendre son advis sur iceluy. ` Auquel cas vous ferés enversle dict roy les devoirs et ofbces que vous jugerés necessaires pour mon service, et pour luy faire co- i jgnoistre le merite et la justice de ma proposition ; et au contraire le tort que les dicts princes feront à leur reputation, comme à nostre amitié et aux affaires publiques, s'ils continuent à me refuser ladicte _ assistance, en saison que je puis mieux me passer de leur alliance qu’ils ne peuvent faire de mon assistance. J’ay grande raison de me louer des propos que le roy mon dict frere vous a tenus sur le faict du prince de Condé, et de son bon _ advis sur iceluy ; car ils sont pleins de tant d’affection et de pru- dence, que je ne sçais si je dois plus me vouer à luy faire rendre graces de l’une que de l’autre. Vous luy en ferés donc les remercie- mens que vous jugerés estre à propos, aux termes les plus signifi- catifs de ma gratitude et du contentement qui m’en demeure, dont vous pourrés vous adviser ; luy disant que j’ay desjà faict envers le roy d'Espagne l’ofHce sur ce subject, par lequel il me conseille de com- mencer ma conduicte avec luy, et dont j'ay receu peu de satisfaction. Car, bien que le dict roy ayt dict à mon ambassadeur, residant auprés de luy, auquel j’avois adressé ceste commission, qu’il adviseroit à me donner sur cela tout le contentement qu’il pourra, neantmoins le duc de Lerme, auquel il confie la principale direction de ses affaires, luy a tenu des langages si extraordinaires, qu’il a voulu que je creusse que le roy son maistre a entrepris expres la protection du dict prince,