il convient leurs pretendues advances, et je puis bien prouver que les
gens de guerre qu’ils ont envoyez à mon secours ont bien plus vecu
à mes despens qu’aux leurs. J’ay de quoy justement me dellfendre et
m’excuser du payement et remboursement des dictes debtes. Neant-
` moins, pour leur faire voir le compte que je fais de l’amitié du roy
mon frere, je veux bien, en cas que je n’entre en guerre ouverte
- avec le roy d’Espagne, payer au dict roy de la Grande-Bretagne jus-
qu'à six cens mille livres, pour toutes ses pretendues debtes, en quatre
années, commençant par la presente, qui est à raison de cent cin-
quante mille livres par an._ Quant au tiers, qui a esté payé par moy aux
dicts Estats pour leur compte, je remets à eux de le repeter et faire
payer comme bon leur semblera ; car les dicts Estats en sont redevables
au dict roy, de sorte qu’il peut justement le demander. Maxis je vous
repeteray, s’il faut que je face la guerre au roy d’Espagne, que j’auray
tel besoin de toutes mes pieces, que je ne pourray mlobliger au sus-
dict remboursement. C’est chose que je desire que vous faciés trouver, i
bon au roy mon dict frere, luy disant que, s’il estoit à la veille d’en—
trer en une pareille guerre, je voudrois le secourir et assister de ma
puissance, et le ferois tres liberalement, tant s’en faut que je vou-
lusse luy apporter la moindre incommodité du monde ; et le priant
de me rendre la pareille en cette occasion, qui nimporte pas seule à
U ma couronne, mais aussy à ma reputation comme à une succession
laquelle je vois qu’on veut troubler et renverser de gaieté de cœur.
Vous adjousterés que tant que les Espagnols se sont adressez a mes
officiers et aux princes mes subjects pour les debaucher et corrompre,
je l’ay dissimulé et me suis contenté de faire punir ceux—cy, et em-
pescher les effects de leur mauvaise volonté ; mais à present qulils
entreprennent de suborner celuy que j’ay tenu pour le premier prince
de mon sang, lequel est si temeraire et mal advisé de manifester ses
` malheureuses et injustes pretentions, s’il y est favorisé des dicts Es-
pagnols, l’aH’aire me touche trop avant pour fendurer ; de façon que,
si le dict roy d’Espag11e n’abandonne le dict _prince, je seray contraint
de m’en ressentir et y pourveoir par les moyens que je pourray et ju-
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LETTRES MISSIVES