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LETTRES MISSIVES


tres. A quoy je ne veux celer au dict roy mon lirere que la protection _ manifesteque le roy d'Espagne donne au prince de Condé en isa desobeissance m’invite et nfoblige encore davantage à y penser et y pourveoir ; non que je craingne ny aye occasion de redouter que le dict roy dllîspagne me puisse nuire avec le dict prince tant que je vivray, car c’est un instrument encore plus loible et debile en toutes choses que l'on ne peut imaginer ; mais je recognois qu’ils veulent le reserver expres pour s’en aider et prevaloir contre mes enfans, aprés mon deceds. De quoy le dict prince s’est declaré, depuis qu’il est à Bruxelles, si ouvertement et imprudemment, que ceux qui le retien- dront et assisteront aprés cela doivent estre tenus de moy vrays au- teurs et complices de ce dessein, contre lequel je veux esperer de n’estre delaissé et abandonné de mes bons voisins et amys, et spe- eialement du roy mon dict âpre. Aussy j’ay esté tres aise quand j’ay sceu que le grand tresorier vous a asseuré qu’il porteroit en ceste _ occasion de Cleves, non—seulement ses vœux, mais aussy ses conseils i et effects, et qu’il a mesme recogneu et jugé que ceste affaire en A pouvoit engendrer d'autres, et qu’il ayt pris subjectsur cela de vous demander ce que j’ay deliberé de faire en cas que le roy d’Espagne s’en veuille mesler. De façon que vous luy avés peu fort à propos, à la suite de cela, faire ouverture de la ligue deilensive dont je vous ay donné charge de luy parler, ainsy que j’ay appris, par vostre lettre, que vous aves faict. Car encore qu’il vous ayt dict que vous n’y trou- _ veriés point son maistre dilïicile, neantmoins l’instance qu’il vous a faicte du point de leurs pretendues debtes, et le peu de compte qu’il a Faict de la response que vous luy avés faicte, ores qu'elle soit tres considerable, me met en doubte de leur volonté, voire me donne subject d’estimer qu’ils veulent s’aider de ce pretexte pour s’excuser d’entrer en la dicte ligue ; ou bien d’un soupçon encore pire, comme seroit de tirer de moy quelque argent, pour m'incommoder et l’I1,3.f— foiblir sur l’eni’ornement d’une guerre publique, laquelle ils se per- suadent maintenant que je ne puis plus eviter, à cause du dessein du dict prince de Condé, qu’ils estiment que je ne puis ny ne dois dissi-