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DE HENRI IV. 8lll ils disent estre fortifié de moy ; d’autant que j'ay tousjours favorisé l’union des dicts princes, combien que je ne l’aye jamais faict en cachette, et que pour les rendre plus capables de resister et s’opposer _ aux violences et injures des ministres et officiers de l’Empereur, les- quels, estans pensionnaires d’Espagne, ont souvent traicté les dicts t electeurs et princes en leurs libertez et affaires privées iniquement et i trop rudement, leur dicte ünion estoitcommencée et mesme arrestée long-temps avant le decés du dernier duc de Cleves. Et si maintenant _ l’Empereur retiroit de Juliers le dict Leopold, et se contentoit de rendre justice à ceux qui pretendent droict à ceste succession, sans _ troubler la possession prise par les maisons de Brandebourg et de Neubourg, qui en sont les deux plus proches heritiers, comme il fait journellement par les imperiaux et par toutes voies de faict, la guerre publique que ceux de la dicte maison cl’Austriche font contenance de redouter, cesseroit à l’instant, et chacun en Allemagne et ailleurs se contenteroit de conserver son auctorité et liberté. Davantage la juri- diction souveraine de l’Empereur seroit conservée conformement ' _ aux lois imperiales et constitutions de l’Empire, comme chose qui _ est jugée de tous equitable, ainsy que j’ay faict dire à tous ceux qui ont voulu que je sceusse que le dict Empereur n’estoit meu que de ceste consideration. Mais leur visée passe bien plus avant, car ils aspirent à` la reelle et entiere usurpation des dicts pays, pour en priver les dictes maisons auxquelles ils appartiennent, et pour slen fortifier à l’advenir contre leurs voisins, et principalement contre les Estats des Provinces-Unies, lesquelles ils ne laissent à present en repos que pour mieux rechercher et trouver les moyens de leur mal faire en un autre temps. A quoy le dict roy mon frere et moy avons interest. ' Clest pourquoy, passant par dessus toutes autres considérations ' importantes à ma dignité royale, jlay voulu vous envoyer vers luy avec le pouvoir et la charge que je vous ay commise, désireux de joindre mes vœux et moyens avec les siens, pour d’une commune main, arrester le cours trop violent et injuste de l’ambition des au- LETTRES DE HENRI IV. —VlI. 106