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DE HENRI IV. 807 [IGO9.] — 5 DÉCEMBRE. i Cop. 4 B. l. Fonds du Puy, Ms. 72, fol. 56; Saint Germain—Harlay, Ms. l93; et supp!. fi-. Ms. 1009-3., ~ i [A M. DE VAUCELLAS. ' il, I Minissinsun-nm ramena.] Mons' de Vaucellas, Vous sçavés combien _i’ay tousjours chery et aimé mon nepveu le prince de Condé, quels ont esté les honneurs que je luy ay departys et contiez, et les singulieres graces et faveurs qu'il a receues de moy depuis son enfance jusquà present, et par tant I quel a esté l’estat que jlay deu faire de son affection et obeissance ; et neantmoins je me trouve à present deceu avec desplaisir de mon es- perance et des effects que je m'estois promis de sa gratitude, tant pour mon contentement particulier que pour le bien et- advantage public de mon Royaulme, auquel il a telle part et interest, qu’il de- vroit en preferer le soin et advancement à toutes aultres considera- tions ; de quoy je l'ay si souvent admonesté, faisant l’ofHce de vray _ pere et bon mestre à son endroict, que j’ay quelquesfois recogneu que la peine que j’y ay employée avec grande diligence et affection estoit inutile et sans fruict ; et principalement depuis deux ans, qulil luy prit fantaisie de vouloir voyager hors mon Royaulmeg de quoy il m’auroit faict et reiteré telles instances, que j’aurois esté conseillé, voire contrainct, de luy en refuser ouvertement la permission, à cause de sa qualité et de la cognoissance que j’avois de son inquietude. Ce qui fut cause que je pris resolution de le marier, aflin de l’arrester, joinct que je m’apercevois que c’estoit chose qu’il pretendoit faire de _ sa teste et volonté, en lieux peu sortables à sa condition. Mais il n’a pas esté, si tost marié, que le mesme desir de voyager et se tenir loin de moy fa repris et maistrisé avec plus d’inquietude que devant, sans que mes raisons, remonstrances et conseils ayent peu le contenir et moderer, ny mesmes les menaces que _i’y ay quelquesfois adjoustées de mon indignation et de la perte de ma bonne grace. Toutesfois,