Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome7.djvu/718

DE HENRI IV. 701 _ m’ayt donné d’estre indigne et (m’GI’lSé de luy, par la persevernion et coutumace de sa desloyaute, de maniere que je pourrois et deb- vrois avec raison en rechercher la puniiion, comme loyer deu à ses demerites, et le faire servir d’exemple à ses semblables, toutesfois, estant naturellement ennemy de toute espece de vengeance et rigueur, je suis content m’abstenir de favoriser l’eH’ect de ceste justice et d’en . laisser le soing à Dieu et à ceux es mains desquels il l’a livré, pour, s’il a conspire contre eulx comme l’on dict, en recevoir le chastiment _ qu’il convient ; mais aussy je ne veulx qu’il soit favorise ny" protege de moy ny de mes serviteurs en ceste occasion ; et par tant vous m’eussies faict plaisir de ne vous en entremettre, comme vous aves faict, mesmes depuis l’arrivee prés de vous du s' de Bullion, car je presuppose qu’il n’aura oublié à vous dire ma volonte sur cela, comme celuy qui en est bien instruict, comme en est le s' de Crequy. . Enfin je desire que vous .vous en departies tout à faict et 'vous Facies I sçavoir à ceux de Geneve qu’ils n’ayent aucun esgard à la recomman- dation que vous leur aves faicte en sa laveur. Nous debvons aussy faire peu d’estime des .services qu’ofYre de faire une perseuine si legere et double que le -dict du Terrail a monstre d’estre par ses actions. Ce ne sont qifinventions `pour abuser le monde et donner pasture à sa legerete, tendantes plus à me mettre en soubcon de mes propres serviteurs et m’embarrasser en une guerre avec mes voisins qu’à toutte autre chose ; de façon que quand Fl seroit dans la Bastille nous n’en tirerions que des menteries et vanitez, lesquelles il voudroit encores vendre bien cherement. Ce sont denrees trop esventées pour moy, de sorte que je ne m’en puis charger ny repaistre, et desire que vous en usies de mesmes. Dieu sçait mieux ce qui nous est utile que nous, et nous faict journelle- ment recevoir les eflects de sa bonte et providence plus favorablement que nous ne meritons, et mesmes en ceste rencontre, de laquelle je veulx doncques me remettre entierement à ce qu’il luy plairoit en ordonner ; et quel qu’en puisse estre Yevenement, asseures—vous qu'il me sera indiflerent, comme j’ay commandé à ce porteur vous dire. _