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LETTRES MISSIVES


J e ne donneray jamais conseil aussy aux dicts s" les Estats et à vous, que je ne mette peine de le garentir et faire proposer autant humaine- ment que je le puis faire, mesmement s’il est receu et recogneu comme I il doit estre. Les despenses pour la guerre excedent par trop celles d'une trefve ; vous aves esprouve celles-là et recogneu que les dicts s" les Estats ne peuvent d’eux mesmes y Fournir, ny à peine avec l’aide de leurs amys qui y ont contribué cy-devant ; et si par foiblesse et laulte de moyen il advenoit que vous fussies contrainct d’abandonner à vos ennemys une partie du pays pour defendre l’aultre, comme le dict Lambert m’a declaré de vostre part que vous vous resolvies de faire, plustost que d’agreer ny d’admettre la dicte trefve sans qu’il sojt declare par icelle, en termes expres, que la souveraineté demeurera aux dicts s" les Estats pour tousjours, consideres, je vous prie, à com- bien d’accidens et reproches irremediables vous seres subject avec ceux qui auroient suivy avec vous le mesme conseil,. Estimes vous qu’aucun allie et amy des dicts s" les Estats et de vostre maison fust . pour engager la reputation de son estat en un tel party, qui seroit jugé plus accompagne de passion et de desespoir que fonde en raison et ne- cessite, veu les ollres de la dicte trel’veP Le dict Lambert dit que vous aimes mieux perir les armes en la main que honteusement, en presup— posant et estimant pour inevitable la ruine et perte des dicts pays si les dicts Estats reçoivent la dicte trefve ; je ne vous nieray point que j’ay este et suis encore d’opinion contraire à la vostre. Toutesfois peut- estre que je m’abuse, pour ce que je ne cognois comme vous la consti- tution presente des aflaires et volonte du pays ; mais je puis dire aussy que, comme je suis mieux informé de la generalite de celles de la Chrestiente, je puis juger pareillement plus seurement peut-estre qu'un aultre, que les dicts s" les Estats et vous pouves par le moyen de la susdicte treve, estant accordée et bien observée, comme mes ambassadeurs et ceux des dicts roy et princes l’ont propose, vous con- server et maintenir plus heureusement et seurement que par la guerre ; estans mesme incertains, comme vous estes encore, de l’assis- tance et faveur de vos voisins. Ce qui est cause que j’ay trouve tant S