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l608. — 23 ocromm. — II["‘°.

Cop. — B. I. Fonds Saint-Germain français, Ms. 763-2, fol. 337 verso.

AU PRINCE MAURICE.

Mon Cousin, Vostre lettre du xx1° du mois passé, receue le 1Ve du present, et les propos que Lambert, porteur d’icelle, m’a tenus de vostre part, ne m’ont moins estonné que scandalisé ; ayant par celle-là entendu la resolution que vous avés prise sur les affaires de ’delà, et parmy ceux-cy recogneu que vous estes entré en soupçon de ma vo- lonté et de mes conseils, à cause de la proposition de la trelve à longues années, qui a esté faicte, depuis la paix rompue, aux sieurs les Estats des Provinces-Unies età vous, par mes gens conjoinctement ‘ avec ceux du roy de la Grande Bretagne, mon bon frere et ancien allié, et de mes cousins les princes d’Allemagne qui sont par delà. Car comme en cela nous n’avons faict que suivre le mesme chemin et ordre, ouvert et convenu sans moy par les dicts s" les Estats et vous, quand ils ont commencé à prester l’oreille aux traictez desquels il est question, je ne vous ay donné subject aussy de changer mainte- nant de langage, et moins vous dellir de mes conseils. Vous dites que vous tenés pour certain que la dicte trefve premirement, si par icelle la souveraineté n’est accordée pour tousjours, sera cause enfin de la ruine entiere du. pays et de les reduire soubs la domination de leurs ennemis conjurez. Vous deviés prevoir d’entrée les dicts accidens sans tant tarder, car je ne cognois pas que le temps les ayt rendus plus perilleux. Vous deviés donc vous opposer à la dicte ouverture dés le commencement, au lieu de ce faire quant à Yentrée de ces tnaic— tez, apprehendant les mesmes perils que vous nous faictes entendre que vous craignés à present. J’ay voulu, allectionné au bien des dicts Estats et au vostre, vous faire remonstrer et à eux ce que _i’en sentois ; non seulement l’on en a fait peu de compte, mais l’on a osé malicieusement controuver que j’estois ennemy du repos et de la liberté des Provinces-Unies, et que je n’approuvois les dicts traictez, voire craignois qu’ils acquissent par iceulx la dicte liberté qui leurestoit offerte