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LETTRES MISSIVES


1608. —- 16 mars.

Imprimé. — Ambassades de M. de la Boderie, t. IA, p. 168.

[A M. DE LA BODERIE,

+

AMBASSADEUR EN ANGLETERRE. ]

Mons’ de la Boderie, J'ay veu tant par les lettres que vous avés escriptes par Vertaut aux s' de Villeroy et de Puisieux que par vostre derniere du nu° de ce mois, ce qui s'est passé pour le regard de la reparation qui vous a esté offerte sur la faulte du precedent ballet, et la façon avec laquelle le tout a esté accomply, pour la satisfaction d'icelle, au ballet, au festin et en tout le reste de la ceremonie!; en

quoy, puisque vous avés jugé, par les raisons et considerations di-

verses que vous representés, avoir deu user de la conduicte que vous

y avés observée, j'estime plus à propos de n’en parler ny s’en employer davantage, ains de fhisser les choses en l’estat qu’elles sont, et pour- x q

! «Sitost que je fus là, le Roy sortit de sa chambre , me prit et me mena au bal, qui se fit devant souper, et où il me fit seoir auprés de luy, me parla presque tous- jours et me fit toute demonstration de privauté. La Royne estoit presente , qui ne sembloit pas y avoir touchié, tant elle me fit, et lors et tout le soir, bonne chere. Le jour de devant la nopce, le Roy envoya aussi convier ma femme, qui reçut de luy et de la Royne, devant tout le monde, tout le bon accueil et bon visage que nous eussions sceu desirer. Ïl ne fut point jus- qu'à ma petite fille que la Royne ne ca- ressa à diverses fois, et que le Roy ne fit approcher de luy, et la baisa deux ou trois fois; ce qui ne luy est chose ordinaire... Durant le souper, le Roy m'envoya le grand chambellan de la Royne pour me dire qu'il estoit marry que la coustume d'Angleterre n'avoit pu permettre qu'il

eust mangé à ceste table, pour le plaisir qu'il eust eu de m'y voir et m'y faire Honne chere, mais qu'il avoit commandé à mon- sieur le Prince de faire cest office pour luy; qu'il buvoil à ma santé et qu'il me prioit de luy faire raison. Aprés souper, nous retournasmes en son anticharabre, d'où il sortit au bout de quelque temps, et nous mena où se devoit danser 12 bal- let, continuant toujours, etc. . [1 voulut mesine que ma petite fille vinst prendre à danser monsieur le duc d'Yorck, qui s'en acquiltèrent si bien tous deux, qu'ils ne firent moins rire la compagnie qu'avoit fait l'ambassadeur d'Espagne, mais de façon toute diverse. » (Lettre du 27 février à M. de Puisieux.}) C’est cette jeune en- fant qui épousa en 1613, à l’âge de quinze ans, M. Arnauld d’Andilly, frère aîné du grand Arnauld, ét qui devint la mère du célèbre marquis de Pomponne.