Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome7.djvu/477

Cette page n’a pas encore été corrigée
A60
LETTRES MISSIVES


adressez à Yambassadeur de Venise qui y residoit, il y lit response, laquelle fut renvoyée à Naples entre les mains d’un juge, lequel, au lieu de rendre la justice que l’on attendoit de luy, fit emprisonner le dict Ascanio Cuarantotti, procureur du dict s" de Breves, luy imposant Faulsement qu’il estoit là plus tost pour espionner les actions du dict vice-roy que pour tirer raison de ce qui estoit deub au dict s' cle Breves. En quoy il faut remarquer les artifices des dicts Espagnols ; car le dict procureur Ascanio ayant esté delivré et seduict par eulx, et estant venu trouver le dict s‘° de Breves à Constantinople, soubs couleur de se plaindre du tort qui luy avoit esté faict, le dict s' de Breves, qui le retira de bonne foy, et' faisant cas de luy pour le travail etla peine - O qu’il croyoit qu’il eust employez à ses adaires, descouvrit de là à quelque temps que son emprisonnement avoit esté simulé et qu’il avoit bonne intelligence avec le dict vice-roy de Naples, comme il peut monstrer par plusieurs lettres qu’il en a : de Façon qu’estant evadé sous main de Constantinople et luy a Naples, il fut receu et caressé du dict vice-roy, qui luy faisoit payer vingt—cinq ou trente escuz par chascun moisi Ce qui donna occasion au dict s’ de Breves de sur- seoir toutes ses poursuictes auprés du dict vice-roy, voyant qu’il ne ` pouvoit y esperer aulcune justice`, puisque en deux ans il n'y avoit esté entretenu que feintises et artifices pour le matter et eluder l’ef— liect de son obligation. - Voilà l'estat où_en est maintenant ceste affaire, dont vous tirerés encore plus de lumieres par les dictes pieces dont_j’ay faict mention au commencement de ceste lettre, lesquelles je vous envoye, toutes collationnées aux originaux par un de mes secretaires, avec un me- moire et discours de ce qui s’est passé, ct sur quoy je veux que vous laciés une instance au roy cl’Espagne et à ses ministres po_ur en faire faire promptement raison au dict s' de Breves, leur remonstrant sa longue patience non moins que la justice de sa cause et les moyens qu’il a eus d’en avoir raison, en vertu des commandemens du Grand. Seigneur, si sa disposition ne l’eust retenu de s’en ayder. Su1 [quoy] je ne desire poinct qu’il soit renvoyé à Naples, car l’on y veut