tinuerés à travailler de vostre costé à les disposer à la douceuret à
s’abstenir de faire chose qui puisse aigrir davantage les affaires et
rendre mon entremise infructueuse ; car tous ces escripts qui se sont
publiez de part et d'aultre servent plusa obscurcir qu’à donner lumiere -
à l’af}`aire, et à irriter et animer plus tost les passions qu’à les reprimer
et adoucir, et par consequent rendre Yaccomplissement plus difficile,
et donnent temps etrcommodité à ceux qui ine desirent le bien de _
l’un ny de l’autre, de se preparer à profiter de ces divisions et bastir
des desseins à leur commune ruine et desavantage. Le nonce, qui
depuis peu a esté fait cardinal, mla derecbef fort pressé et incité, en
la derniere audience que je luy donnay l’autre jour, de me vouloir
_ declarer en faveur de Sa Saincteté et prendre la negative contre le
senat venitien, disant que c’estoit le plus asseuré moyen et la plus
puissante force de les reduire à rendre à sa dicte Sainctete cequ’ils
doivent ; mais je luy ay respondu ce que je vous ay escript autrefois :_
que ce seroit m’oster lemoyen de me rendre utile en ceste affaire et
de la terminer heureusement ; quiavoit tqusjours esté mon principal
but et auquel ne desesperois pas de pouvoir parvenir, moyennant que
chascun y contribuast de son costé avec "autant de disposition et bonne
` volonté comme j’apportois d’af}`ection et d’ardeur pour empescber de _
bonne beure et en saison le mal qui en pour'î oit. naistre, aussy preju-
diciable au bien de la Chrestienté que dommageable aux parties, sur
lesquelles le principal fardeau de la guerre viendroit à tomber. J’espe1 e
veritablement recueillir le fruit de ceste liberté que je me suis reservée,
de ne me point declarer, à ma reputation et au contentement des uns
et —des autres. Vous-sçavés _les raisons que je vous ay escriptes m’, avoir
meu à prendre ce conseil ; Dieu veuille que lesieffects en soyent aussy
salutaires à ceux pour la co_nservation desquels _j’en ay usé ainsy,
comme mes intentions en sont justes et eloignées detout fard et dissi-
mulation. Je prie Dieu, Mons' de Fresnes, vous avoir en sa saincte et
i digne garde. Escript à Fontainebleau, le xxvuf jour deseptembre 1 6o6.
. Q HENRY.
l 5 saumur.,
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