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LETTRES MISSIVES


ne pretendent et n’advouent pour cela qu’ils soyent tels. Bien par cette spacieuse apparence de souveraineté les ont-ils voulu chatouiller et attirer à se rendre plus favorables et enclins à cest accord, lequel, comme il.ne faut douter qulil sera suivy d’une paix, con|`ormemen’t aux inclinations, dispositions et desseins des auteurs de ceste sur— seance, aussy est-il non seulement- bien seant et convenable, mais _ raisonnable et necessaire que ceux qui sont interessezj et allectionnez à ceste cause advisent et resolvent s’il est plus utile et expedient aux dicts Estats de les laisser parvenir à la jouissance de la dicte paix, ou bien de continuer le sort de la guerre. Ce que vous declarerés au dit roy que j’ay desiré luy estre proposé de ma part ; sçacbant qu’estant prudent et clairvoyant comme il l’est, il sçaura peser et examiner les i advantages de l’une et de l’autre condition pour les dicts Estats ; estant prest et disposé à me joindre avec luy aux deliberations et resolu- tions que nous serons conseillez de prendre en ce fait pour leur salut et conservation. Et s’il vous demande quel est mon advis sur iceluy, vous luy dirés en termes generaux que, comme c’est chose de la re— solution de laquelle despend le 'bien et manutention des dicts Estats, et la seureté et la tranquillité de leurs voisins, pour plusieurs bonnes " •et preignantes raisons, que par sa prudence il scaura bien se repré- ' senter, aussy merite t—elle d’estre pesée et considerée en tmhes les circonstances avec un jugement net et un' esprit allrancby de toute _ passion, ainsy qu’il convient à la suite et consequence d’icelle ; neant- moins que j’estime y avoir plus à craindreet appréhender de mal du succés de la paix qu’à en esperer du bien ; car icelle donnera moyen, pretexte et opportunité à faire des brigues et menées parmy ces peuples, ja que trop divisez et discordans entre eux, et aflectionnez à leur prolHt particulier, qu’ils recbercberont aprés, sans plus se soucier des armes, encore avec plus d’impetuosité ; ce qui facilitera les pratiques et desseins que la continuation de- la guerre a jusquà present aneantis et dissipez. Au moyen de quoy, je le prie et exhorte, . avec autant de franchise et confiance que nostre interest et affection sont communs et unys à céste aflaire, d'y adviser, suivant la force et