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DE HENRI IV. SI descouvrir son intention et inclination, et ce que je doibs esperer de ’ son amitié., ll faut traicter de mesme celuy de la delfense et conservation_d’Os- tende, et de la reputation des armes et affaires des Estats, ainsy que je vous ay escript par Dauval, luy remonstrant, soit .qu’il veuille faire la guerre au roy d’Espagne et aux archiducs, ou embrasser la paix, combien il luy importe de ne laisser deperir, à son advenement, ( l’une ny l'autre ; car comme son amitié sera par ce moyen plus ne- cessaire à un chascun, elle en sera aussy plus estimée et mieux ` acheptée. Et si pour le porter à ce dessein il ne tient qu'à luy donner quelques esperances d’une plus grande et estroicte liaison entre nous, f’aictes—luy sentir comme de vous—mesme, que si _i’estois disposé de m’y engager avec la dicte dame, il doit croire que j'y entrerois trop plus volontiers avec luy, si je sçay qu’il veuille y entendre ; d’autant que je ne pouvois bonnement m’asseurer de la resolution et constance de la dicte dame en la poursuicte et execution d’un tel dessein, tant à cause de la fragilité et inconstance de son sexe et de son aage, que parce qu’elle faisoit assezparoistre par ses actions, qu’elle vouloit plus tost m’embaî*quer en une guerre, pour se_ descbarger du tout de la des- pense et incommodite dlicelle, que pour la poursuivre courageusement comme il convenoit faire et en tirer les advantages que nous pouvions nous en promettre : de quoy vous pouvés luy rendre meilleur compte que personne, comme celuy qui a traicté ce point avec elle et ses con- seillers plus avant que nul autre, et a souvent sonde leurs intentions sur iceluy. Et si vous recognoissés que le dict roy `veuille mordre à la, grappe, vous pouvés demander permission de m’en advertir, luy disant qulayant deliberé de l’envoyer visiter par le s' de Rosny, qui est celuy de mes serviteurs auquel je me confie le plus et que je sçay _ aussy luy porter de l’afl’ection, je pourray selon cela augmenter ou retrancher le pouvoir que je luy en donnerois d'en traicter avec luy. Mais comme il faut que vous passiés cette negociation avec luy, selon qu’il vous donnera subject de le faire, et jugerés par la cognoissance que vous avés de sa conduicte, je le remettray à vostre jugement et pru- LETTRES DE HENRI IV.- •VI ' ll