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LETTRES MISSIVES


que Dieu y pourveoira, comme le requiert le bien de son Eglise et de la Chrestienté ; estant certain, s’ils pouvoient en faire eslire un qui feust du tout à leur devotion, qu’ils se serviroient de son nom et auc- torite pour travailler leurs voisins avec le pretexte de la religion, comme ils continuent à faire par leurs menées et corruption extraor- dinaires. Or, tout ainsy que le dict Pape defliunt m’aimant comme il Yaisoit, eust peut-estre voulu s'ayder de mon conseil et entremise en- vers le roy d’Angleterre pour obtenir de luy quelques faveurs pour les catholiques de ses païs, aussy s’il en eust esté esconduit et de- ‘ sesperé, le dict Pape enst peut-estre pris contre luy des resolutions Fascheuses, desquelles sans doubtc le dict Roy se fust pris à moy. De quoy les Espagnols, lesquels à l’advanture l’eussent plus irrité et poussé à le faire que moy, se fussent prevallus en son endroict. Or nous ver- rons quel sera le successeur que le college des Cardinaux, ou pour mieux dire le S‘-Esprit, luy donnera, et pourveu qu’il soit digne de ce nom, il ne pourra estre qu’il ne me soit tres agreable. Vous m’avés escript, par vostre lettre du XVIe du passé, que jîay receue le 111_]° du present, que le dict Roy n’avoit pas encores accordé . a Yambassadeur d’Espagne et à celuy des archiducs la permission qu’ils luy ont demandée de lever des gens en ses royaulmes pour la guerre de Flandres, et qu’il estoit mal ediflié de la forme avec laquelle ils entendent d’y proceder, aussy est—elle de consequence. ` Toutesfois _i’ay opjnion qu’en[in il s’y accommodera, si les autres en continuent l’instance, et me semble que ce ne sera pas grande conso- ` lation ny revanche pour les Esiats, quand il accordera pareille faveur à leur deputé. Je vous diray sur cela, que ce sera lors, que les dicts Estats debvront, ce me semble,/se deflier plus de la volonté du dit roy, quand il fera contenance de les voulloir mieux assister. Car, jusques à present, il a pris peine de faire en tous lieux tout le rebours de ce qu’il a monstre allectionner. Toutesfois, il ne fault pas luy faire ` paroistre, ny aux siens, que nous ayons ceste opinion, mais nous con- tenter de faire moindre estat de ses paroles et demonstrations exte- rieures que jamais, et observer plus que devant ses pas et actions,