Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée
.128
LETTRES MISSIVES
`

Le duc de Savoye a publié partout les oH’res qu’il a faictes aux habi- tans de Geneve pour sortir de la guerre qu’il a avec eux, mais l’u fait plus pour alterer et irriter cliacun contre eux et justmer sa procedure que pour advancer le dict traité, car l’on m’a escript de Suisse qu’il semble que ses gens ayent volonté et commandement de retrancher les dictes ollres et y apporter des dillicultez nouvelles, ayant sceu que _i’ay con- I scillé aux dicts Genevoins de s’accommoder et d’entendre plustost à la paix que de s’opiniastrer à continuer la guerre plus longuement. De quoy l’on me mande le dict Albigny estre principalement cause, comme celuy seul qui triomphe et profite de la dicte guerre et qui y a em- barqué le dict duc. Or nous verrons bien tost ce qui en reussira ; mais, soit qu’il s'eH’ectue ou non, je veux aller visiter mes provinces voisines du dict duc, pour donner ordre à la seureté d’icelles, au ; besoin que je sçay qu’elles en ont : chose que je pourray faire plus commodement à pre- sent qu’en une autre saison, puisque le roy d'Angleterre m'a donné telle asseurance de son amitié, traictant avec le marquis de Rosny, qnefay toute occasion d’en demourer content ; car il proteste vouloir preferer mon al- liance et amitié à toutes les autres, soit qu'il demeure en paix ou non ; mais il semble qu’il soit encore irresolu de ce qu'il doibt faire ; à quoy fespere voir plus clair au retour du dict s' de Rosny, qui doit avoir mainte- nant repassé la mer, s’il a pris congé du dict roy le penultiesme ou der- nier jour du mois passé, comme il s’y attendoit, ainsy qu’il m’a es- cript par sa lettre du xxv1i1°, et je vous feray lors telle part qu’il vous sera necessaire de ce qu’il rapportera. Je receus hier à Monceaux le s’ Angelo Baduere, que ces Seigneurs ont envoyé vers moy pour leur ambassadeur, en la place du s' Marin Canali, qui se licencia aussy de moy. J’ay bonne esperance que le dict Baduere s'acquittera tres bien de la dicte charge, monstrant estre tres sage et accort gentilhomme ; et auray à plaisir que vous remerciés ses dicts Seigneurs de l’electio11 qu’ils ont faicte de sa personne pour rem- plir la dicte place, laquelle vous leur dirés aussy que le dict Marin i Canali a exercée tres dignement et à mon contentement ; de quoyayant voulu luy rendre quelque tesmoignage, j’ay desire luy faire porter le