fenses a toutes les villes de recevoir _et logerle dict duc de Bouillon
'et a tous mes subjects de le favoriser et_ assister, sur les mesmes
peines, et asseure ceux de la dicte- religion pretendue reformée de
ma volonté à fobservation entiere _de monedict de pacification. Je ne
sçay quel effect sortira de ceste expedition, mais je suis bien resolu,
si le duc de Bouillon ne se met en devoir de me contenter, de faire ce
que je doibs pour conserver mon auctorité. En quoy je ne puis croire
que la Royne, ma dicte bonne sœur, se monstre moins alfectionnée à
mon contentement, que iav esté__en son endroiten cas. semblable, et
veux qu’elle saichei que si elle adjouste plus de foy aux impostures —
et calomnies de ceux qui, pour favoriser le dict duc, desguisent la
verité de son accusation ou fimpugnent à la volée par malice ou par.
i ignorance, que à ce qui lui en sera dict de ma part, _i’en serayi tres
marry : car _elle ne me rendra la pareille, et fera autre jugement de
moy que ne merite la preuve qu’elle a faicte de mon integrité et bonne
` foy,.comme vous luy ferés entendre, _l’asseurant neantnioinsiouoy
qui arrive, que je me conduiray en- ce faict avec toute l'equite, mo-
deration et prudence qu’il me sera possible, en conservant ma dignité _
et mon auctorité, comme jjyisuis tenu et veux faire, au peril de -
ma vie. i ' I ., i "
Quant au faict du `prince de Ginville, si tost que le_duc du Maine
sera arrivé, je le termineray avec tant de douceur et de clemence,
que cela accroistra la honte de ceux qui, pour la punition qui a esté
faicte au duc de Biron, ont voulu faire accroire, pour couvrir ondes-
guiser leurs faultes, que j’ay changé de naturel et que je suis devenu
fort severe et rigoureux. Mais il est bien certain que toutes ces brouil-
' leries m’0stent lemoyen de penser et pourveoir aux affaires de dehors
et me prevaloir des occasions qui se presentent, comme _i’avois deli-
beré ; et si je m’aperçois que la Royne et les siens supportent le dict
duc de Bouillon, comme ils ontcommencé, _i’auray encore moins
occasion de m’y eschauiferf Car l’on me fera croire que l’on veut
proteger en mon Royaume une faction contre mon auctorité ; la tole-
rance de laquelle me seroit plus pernicieuse et dommageable à mon`
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DE HENRI IV.