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LETTRES MISSIVES


trop recherchées et mal fondées. Je vous asseure aussy que je n’ay point entendu que fon ayt retranché aux chefs d'icelle le foin et.l'a- voine ; et fault verifier, si cela a esté faict, qui l’a ordonné, et d’ou _ en procede la faulte ; car je sçay bien avoir tout payé. En verité j’ay esté tres-mal servy, en la frontiere, des dicts vivres ; mais quoy, qu’il y ait, e vous prie non-seulement de ne faire payer les dictes compagnies qui refuseront d’entrer en garnison, mais aussy les casser tout à fait et — faire courre sur celles qui se desbanderont pour tenir les champs contre vostre commandement. Enfin, si nous n’avons tous aulcune compas- sion du peuple, il fauldra qu’il succombe et que nous perissions tous avec luy : auquel propos je vous diray, mon Cousin, que _j’ay receu, depuis peu, infinies plainctes de vostre compagnie de gens d'armes A et de celle de Splandian, lesquelles on m’a rapporté estre encore à pre- sent vers Argentan, faisant peu de cas d’aller en l’armée, et oppri- " mant grandement mes subjects du pays : ce que je m’assetu*e que vous ignorés et n'entendés aulcunement, mon Cousin. Mais ils abusent de vostre nom et auctorité ; et leur exemple sert d'excuse, de desobeis- sance et de toute licence à ceulx qui n’ont envie de bien faire, pour estre les dictes compagnies mieulx payées que nulles des aultres, et couvertes de vostre nom.- lien suis tres marry, mon Cousin, car le tort qu’elles vous font tombe sur moy comme sur vous. Partant, je vous prie dly pourveoir et me advertir de l’ordre que vous y aurés donné. Mais puisque vous n’avés peu faire aulcuns deniers, revenés— vous-en, faisant les monstres des compagnies qui seront en Picardie. Il sera diflicile que mon nepveu* face mieulx en Champagne ; toutes- fois, vous avés bien faict de avoir taillé les mourceaux au régiment de Messillereï comme vous avés faict, afiin de regagner une partie de ` ’ Le jeune duc de Nevers. lière et de Chamousseau, qui, suivant la “ On a déjà vu ci—dessus d'autres régi- généalogie de sa famille, avait une charge ments commandés par des mestres de de mestre de camp dïnfanterie. Il était le camp, titre plus usité alors que celui de fils aîné de `Pierre Frotîer, seigneur dela colonel. Il en serait de même ici, s'il faut Messelière, et d'Yolande le Voyer. La no- reconnaître dans ce nom de Messillère blesse de la Marche l'élut pour député ` Gaspard Frotier, seigneur de la Messe- aux états généraux de 161li.