ques à present, par la diligence et prevoyance de mes bons serviteurs,
et mesme _j’estime que Yacheminement par delà de mon cousin le .
mareschal de Biron renversera toutes ses praticques et esperances.
Mais je me desfie plus de Monluet que de tout le reste, à cause de
l’estat auquel il se retrouve, auquel je ne puis d’icy donner aulcun
ordre, ceulx de mes finances n’estans encore auprés de moy, pour
sçavoir d’eux, la provision qu’ils ont donnée au payement de la gar-
nison, et c qu’il fault faire pour la rendre valable ; de quoy je m’es—
clairciray à leur arrivée, et auray soing qu’il y soit pourveu au mieux
que faire se pourra. Je vous prie aussy y apporter de vostre costé tout
ce qui sera en vous, et mesmes encourager le s' de Perault, afin qu’il
nous aide à parer ce coup, ne pouvant croire que le duc de Savoye
. attacquera la dicte place à force ouverte, quoy qu’il publie. Or fes-
pere que _j'auray bien tost achevé les affaires qui mlont amené en ce
pays, et lors, mon Cousin, il nous fauldra aller visiter le dict duc, et
nous venger des maux qu’il nous a faicts, luy faisant rendre gorge de
ce qu’il a usurpé sur ce Royaume, duquel luy et les siens ont plus
receu d’honneur et de bien qu’il ne s’en est monstre digne. Je vous
diray sur cela que quasy tous les cappitaines et gouverneurs des places
de Bretaigne qui recognoissent le duc de Mercur ont envoyé devers
moy et sont entrez en traicté, de façon que j’espere qu’il en sera aban-
donné. plus tost qu’il ne pense, et que j’en auray bon compte. Sa femme
est venue à Rochefort pom se trouver à Angers quand j’y arriveray,
accompagnée des depputez du dict duc et des liabitans de la ville de C
Nantes. Mais croyés, mon Cousin, que je suis bien resolu de ne m’a-,
muser aux paroles, ains donner tel ordre au restablissement de mon
auctorité en ceste province que je 11`en tombe plus en peine. Je vous
donneray advis souvent de ce qui s’y advancera. Je seray bien aise
aussy d’en recevoir de vous de l’estat de mes affaires de par delà:
"priant Dieu qu’il vous ayt, 111011 Cousin, en sa saincte garde. Escript
a Tours, le 1lJc de mars 1598.
B un maurvmr.