Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/881

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE HENBIi IV. i 859 dissipée, et en parloit si particulierement, qu’il specifioit ce qui s’estoit desbandé des regimens, mesme de ceulx de l’Isle de France et de Normandie, comme aussy des compagnies de cavallerie, mesmes des cappitaines et autres qui estoient partys de mon armée. Ne pouvant commencer le dict siege de cinq ou six jours, _j’ay advisé d’employer ce temps pour faire perdre au dict cardinal l’opinion qu’il avoit prise de la foiblesse de mon armée ; et avec les forces qui me restent (qui 11`est que le tiers de ce qui estoit en mon armée quand la ville d’Amiens a esté rendue) je suis entré dans le pays d’Artois, et estant venu jeudy dernier loger en ce lieu de Sombrin, je feis hyer matin marcher toute mon armée, et la menay -_iusques_ a laportée du canon d’Arras, ou elle fut en bataille durant six heures, pendant lequel temps je Yeis tirer dans la dicte ville plusieurs volées de canon, et mes carabins donnerent jusqu’a l'entrée'des faulxbourgs, sans que le dict cardinal se soit servy des forces de son armée, qui estoient la plupart logées dans la dicte ville, faulxbourgs d’icelle et es environ, au dela del _ la riviere, ny laict aucun eH’ort pour s’opposer a mon dessein, qu'il recognoissoit assez n’estre que pour le braver et luy faire endurer un allront ; en quoy le dict cardinal a faict paroistre autant de patience comme chacun a veu la volonté que jlavois, non de voir les clochers d’Arras, comme il avoit veu ceulx.d’Amiens quand il est venu pour _ le secourir, mais de donner la bataille et le combattre, s’il feust sorty de la dicte ville. Llun de mes trompettes, qui estoit en la dicte ville avec le general des cordeliers, pendant que le _canon a tiré, m’a rap- porté qulencores que le peuple de la dicte ville fust fort en rumeur et crainte aloccasion de mon arrivée, le dict cardinal ne partit de son cabinet. Aussy l’ordre y fut si mauvais de leur part, que tout cest el`- fect se passa sans qu’un seul soldat de mon armée ayt esté blessé, . encores que leurs canonades passassent au dessus de mes trouppes. Je suis demeuré ce jour d’buy en ce lieu pour reposer_mon armée', laquelle je feray demain marcher devers Dourlans .pour lassieger, dont j’espere, avec l’ayde de Dieu, avoir une prompte et bonne yssue : priant sa divine bonté vous avoir, sur ce, mon Cousin, en sa saincte - 108,