Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/838

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE HENRI IV. 817 n’ay laissé d’y accourir et d’engager ma personne à la reprise, avec les gens de bien qui m'y assistent ; à quoy j’ay donné tel advancement, que j’espere que Dieu m’en donnera issue : ce que je desire autant pour conserver aux François la France en son entier, que pour mon ` interest particulier. C’est chose incroyable des ouvrages que nous y avons faicts ; nos capitaines et soldats y ont travaille à l'envie l’un de l’autre, animez de ma presence ou du desir de recouvrer ce vol Iaict à leur patrie par le plus grand ennemy d’icelle, lequel de son coste faict toutes sortes d’ell’orts pour conserver sa proie, depuis laquelle il devore en espenance Fusurpationl ou ruine de ce Royaume, lequel sans doute il eust grandement endommagé, si despuis il n’eust este _ resserre et tenu en bride comme il a este ; en quoy j’ay este si bien servy, sous la conduite de mon cousin le mareschal de Biron, en mon absence, que les larrons et occupateurs d’icelle n’ont peu en lever leur butin ny quasy en prohter. Mais maintenant qu’ils nous voient heur- ter à bon escient à leurs portes, et à` la veille d’estre maistres de leur contr'escarpe, le cardinal assemble ses forces de .toutes partsipour me venir combattre ou me contraindre de me retirer. J °ay bien plus grande envie de Yun que de lautre ; vous scaves quelle est mon humeur en cela, mon Cousin, car vous m’aves veu en besongne. Mais d’autant qu’il s’agit du salut d’un Estat auquel vous estes, apres moy, des plus interessez, que pour m’estre si proche que vous estes et vous all’ec— tionner comme je fais, je veulx avoir soin de vostre reputation, j’ay bien voulu vous advertir de ceste occasion par ce porteur, que je vous envoie expres, et sur ce vous prier de me venir trouver inconti- nent que vous aures receu la presente, avec le plus grand nombre de vos voisins et serviteurs, mes subjects, que vous pourres rassembler, pour me assister etparticiper à la gloire que jespere que nous ac- querrons tous, favorisez de la grace de Dieu et de la justice de nostre cause, vous asseurant que vous seres le tres bien venu. Je vous _estime si jaloux de vostre honneur et si allectionne à vostre patrie, que vous surmonterés toutes sortes d’incommoditez et dillicultez pour me con-. tenter et servirven ceste necessite ; vous conviant comme je fais, et LETTRES DE HENRI IV. — IV.