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DE HENRI IV. 797 i resident auprés de vous, vous faire entendre l’estat‘.de mes aliaires selon les occasions qui s’en sont offertes. A present il vous dira comme j'ay entrepris le siege de ceste ville d’Amiens, les termes où _j’en suis J et les raisons qui m’ont meu de m'y engager, lesquelles sont si pres- santes et si forcées, que je ne pourrois conserver mon Ptoyaulme ny ma reputation, prenant aultre conseil. Vous m’avés promis de vous mettre en campagne et assaillir de vostre costé nostre ennemyi com- mun quand je feray le semblable du. mien. Je vous semons mainte-» nant de vostre promesse, sur l’asseurance et foy de laquelle j'ay fondé la resolution que j'ay prise. Je vous prie donc que j’en voye les effects sans remise ny retardement. Vous 11'en recevrés pas moins de bien ' que moy-mesme, car nostre ennemy estant assailly en mesme temps de vous et de moy pourra moins resister à nos forces, quand mesme il auroit assemblé toutes les siennes ; ce qu’il n’a pas encorefaict et ne peut faire de six sepmaines, dedans lequel temps, si chacun veut faire son debvoîr, nous gaignerons tel advantaige sur luy, qu'elles luy seront aprés inutiles et à grand charge. Partant, ne perdons ceste occa- sion. Lorsque vous n’aviés tant de moyen d’endommager l’ennemy, je n’avois tant de besoing de vostre assistance et que vous 11`estiés obligé à moy comme vous estes par nost1 e traicté d’alliance solempnellement juré, vous aves faict de belles et grandes entreprises, conduict de belles et fortes armées, et faict reluire vos armes contre nostre dict ennemy tres heureusement. Quoyl sera- t il dict que vous faciès moins aujourd’huy que vous avés plus de moyen de y prouflicter pour vous et pour vos alliez? Je ne me suis pas promis cela de vous, principale- ment depuis nostre susdicte alliance, aprés laquelle _j’ay recherche tout moyen de unir les forces et desseings de nos alliez contre nostre ennemy, estimant que c’estoit le vray et plus sûr moyen d'en avoir la raison. J’en ay souvent faict instance et remonstrance à ma tres chere et tres amée sœur la royne d'Angleterre ; mais ses aflaires ne luy ont . permis d’embrasser ce conseil, ayant dressé ses voiles ailleurs, dont je luy souhaite toute prosperité, aflin que ses armes et sa bonne volonté ne soyent inutiles à elle ny à la cause publique, selon son