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LETTRES MISSIVES


eflort a esté- par quinze ou seize vestus en paysans et armez de pisto- lets sous leurs accoustremens, qui se sont saisys de la porte, _qui n’e5 . _toit gardée que par bien peu des dicts habitans, qu’ils ont tuez sans ` faire aulcune resistance ; et à l’instant sont arrivez quatre cens che- vaulx armez de toutes pieces qui ont donné jusqulà la grande place de la dicte ville, dont les dicts babitans ont prins un tel estonnement q11’ils ne se sont jamais mis en aulcune deflense, et depuis y sont encore entrez douze ou quinze cens soldats ; s’estans ainsy rendus _ maistres de la dicte ville, sans que les dicts babitans, dont il y en avoit plus de dix mille portans les armes, se seroient jamais assemblez pour . faire aulcune teste ny rendre combat, combien que nous ayons en- tendu que nostre cousin le comte de S*—Paul ayt faict tout son eH’ort i d’en rallier quelques-uns auprés de luy ; mais ne l’ayant peu faire, il a esté contrainct, de monter à cheval et de se sauver par une aultrei porte. Nous n’avons point toutesfois encore aulcunes lettreside luy, mais nous estimons qu’il se sera retiré à Abbeville. Ce malheur est advenu par Yimprudence des dicts habitans, que l’on nla jamais peu rendre plus soigneux de leurs gardes, quoique nous les ayons sou- ' ~ vent admonestez et menacez du mal qui leur est advenu. Mais ils ont I encore plus failly pour leur presomption, n'ayans jamais voulu souH’rir, _ quelque commandement et priere que nous leur en ayons faicte, de recevoir seulement garnison de deux compagnies de Suisses, pour avoir la garde de leurs portes, tant ils se trouvoient forts et puissans, et qu’ils ont tousjours esté jaloux de leurs privileges, qui leur don- noient exemption de garnison. lfaccident est bien excuse sur leur i faulte, mais leur perte ne console pas la nostre et celle du publicq, ` et plustost elle Yaugmente, carilssestoient tousjours monstrez fort fideles et allectionnez depuis leur reduction à nostre service. Nous avons, pour nostre regard, faict tant d’experience des bons et inau- vais ellects de la fortune, que nous ne cedons à cestuy cy non plus i qu’aux aultres, et partons presentement avec ce que nous avons icy de noblesse, pour nous approcher de ceste frontiere et y apporter tout le remede que nous verrons y estre necessaire et possible, et