Q comme il fault prestuner, de la venue des aultres, encores que nos
gens ayent eu l'allarme fort tard, à cause de la rigueur du temps, il
est advenu que mon cousin le mareschal de Laverdin y estant accouru
avec les corps de garde des Suisses et des François, y est encore arrivé
si à propos que ceulx de dedans qui estoient sortys seulement jusques
au nombre de quinze ou vingt, dedans deux flettes, pour ramasser
les dictes besaces et les emporter en la ville, ont esté contraincts de
les quicter et se retirer avec ellroy, comme ont faict les dicts gens de
cheval : de sorte que nos gens ont trouvé et pris, dedans le marests
et sur le bord. d’iceluy, quasy toutes les dictes besaces pleines de bled
et de sel, et les dictes escharpes de corde ; car il se trouve plus de
cent cinquante sacs et autant des dictes escharpes, en sorte que nous
n'estimons pas que les assiegez ayentrecueilly seulement vingt-cinq
ou trente sacs du dict bled, qui est si peu de chose que, au lieu du
raliraischissement, ils en recevront du desespoir, se voyans privez de
ceste esperance avec laquelle ils ont esté longtemps entretenus. Tou-
tesfois, y estans venus de ceste façon, _j’estime qu’ils leur avoient ap-
porté ce secours seulement pour leur donnerloisir d’en attendre un
plus grand, lequel ils promettent daccompagner de toutes leurs forces
dedans le xxv° de ce mois ; car si tout y fust entré, ils ne pouvoient
les nourrir que huict jours, qui eust servy à gagner le dict temps.
p Nous verrons maintenant ce` qu’ils feront ; et me semble qu’il ne
faut laisser de se preparer pour combattre leur armée si elle s’y
presente ; au moyen de quoy, je vous prie, mon Cousin, faire advan-
cer vostre compagnie de gens d’armes et les aultres que _j'ay mandez,
et vous tenir prest pour me venir trouver quand je vous advertiray ;
qui ne sera que quand il sera temps de marcher, aflin de ne vous di-
vertir de mes altaires et des vostres, ayant à plaisir de sçavoir, par
vostre lettre du Xlc de ce mois,-que vousayés ja donné ordre a faire
advancer vostre dicte compagnie avec vos armes et chevaulx. Mais je
vous prie faire que nous soyons encore secourus de sept ou huict
mille escuz, à quoy se monte le payement de nostre cavallerie, plus
que nous n’avions faict estat pour le premier mois, comme il vous fut .
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LETTRES MISSIVES