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LETTRES MISSIVES


pensé arriver, et comme il a pleu à Dieu, par sa misericorde, mira— culeusement me preserver. Il n’y avoit pas plus de deux heures que festois arrivé en ceste ville, de retour de 1non voyage de Picardie, et estois encore tout botté, ayant autour de moy mes cousins le prince de Conty et comte de Soissons et comte de Sainct-Paul, et plus de trente ou quarante gentilz-hommes de ceste court, comme je recevois les s"$ de Bagny et de Montigny, qui ne m’avoient point encore salué, un jeune garçon, nommé Pierre? Chastel, fort petit, et qui ne peut avoir plus de dix-buict à dix neul` ans, fils d’un marchand drapier de ceste ville, lequel s’estoit glissé avec la troupe dans ceste chambre 3, s’advança sans estre quasy aperceu de personne, me pensant donner diun cous- teau qu il avoit, dans le corps. Le coup, parce que _]e m’esto1s baisse pour relever les dicts s” de Montigny et de Bagny qui me saluoient", ne m’a porté que dans la face sur la levre haute, du costé droict, et coupé une dent. 'A l’instant ce miserable a esté pris, et aprés avoir voulu un ' peu desadvouer le faict, incontinent aprés l’a confesse sans nulle force. ll ne s’est encores peu rien tirer de luy, sinon qu’il a esté nourry ` trois ans au college des Jesuites, ou l’on presume qu’il a receu ceste bonne instruction. Ce dont je me suis premierement souvenu a esté de rendre graces à Dieu de ceste particuliere grace qu’il m’a faicte de me garentir de cest assassinat, et incontinent en a esté chanté le Te Deum en toutes les eglises de ceste ville, à quoy les babitans d’icelle ont adjousté des feux de joye dans toutes les rues. Il y a, Dieu mercy, si peu de mal, que pour cela je ne m’en mettray pas au lit de meilleure beure, et espere que je n’en perdray point la bonne pleu cejourd’l1uy nous conferertesmoigne exception sont entrés dans de nombreux manifestement le soing qu'il plaist à sa di- détails sur cet attentat, sur la famille du vine bonté avoir de nostre conservation., » coupable, ses interrogatoires, son procès, L’exemplaire adressé à la ville de Lyon sa condamnation et le bannissement des est pareil à celui que reçut du Plessis- jésuites qui s’ensuivit. Mornay et que nous donnons ici. 3 C`était dans la chambre de Gabrielle ’ On sut ensuite qu'il s’appelait Jean. d’Estrées. Cétait son père qui se nommait Pierre. ‘ En mettant le genou en terre, selon Tous les historiens contemporains sans l’usage. `