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LETTRES MISSIVES


feusse, il y a long temps, pour executer leurs desseings et employer leur armée, qui leur a esté jusques à present inutile pour ceste seule cause, comme j’ay encores mieulx recogneu depuis que je suis en ce pays, que je ne faisois de plus loin. Mais j’ay receu celle du XXVIJB du dict moys bien seurement ; et comme elle est plus particuliere et im- portante que l'aultre, _i'ay eu à plaisir qu’elle soit arrivée à bon port avec celle de mon cousin le Connestable, et les aultres qui les accom- pagnoient. Or maintenant que j’ay donné quelque ordre à la seùreté de ceste frontiere, vous pouvés faire estat certain que vous me verres bien tost par delà, si à mon retour à Paris, je trouve de quoy pou- voir partir et me desfrayer par les chemins ; car je n'y veulx sesjou1 — ' ner que autant de temps qu’il en faudra employer à faire ceste pro- vision, laquelle je m’attends de trouver bien advancée, puisque mon cousin le mareschal de Biron est party pour aller prendre farmée et la mener en Bourgongne ; car c’est Yun des principaulx points d’i- celle, et ne fault pas que vous ny mes autres serviteurs croyiés que je suis demeuré en ces quartiers par les artiflices et traverses de mes dicts ennemys. Car je n’ay pas accoustumé de m’y arrester, sinon au- tant que je cognois qu’il est necessaire pour le bien de mon service. Mais ma venue icy estoit tant [necessaire] que si je m’en feusse esloi— gne sans icelle, j’eusse esté contrainct de rebrousser à my-chemin, au lieu que y ayant estably l’ordre qu’il m’est possible dly donner, j’en— _ treprendray, aprés, l’aultre voyage bien plus gaiement et seurement. Je m’en vais doncques Amiens et Abbeville pour y mettre la der- nière main ; quoy faict, je m'en iray à grandes traites à Paris, où je demeureray le moins qu’il me sera possible, Je ne vous veulx escrire vec plus de certitude le temps de mon partement, d’autant qu’il des- pencl des moyens que _j'auray de le faire ; mais croyés, Mons' de Bel— lievre, que j'ay encores plus grande envie de m'advancer que nul autre, et n’y perdray plus de temps ; car encores que la presence de mon cousin le Connestable soit tres utile par delà, et que, s’il en par- ° toit, je sçay qu’il desespereroit tout le pays, toutesfois n’estant assez fort pour resister a l'armée ennemye quand elle arrivera, je cognois