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LETTRES MISSIVES


_ lieu propre pour nous soustenir, s’il estoit faict quelque sortie sur nous, mais ils n’en firent jamais semblant que comme nous commen- cions à tourner pour nous en revenir. lls sortirent environ trois cens V chevaulx d’un coin du village, non plus loing de cinquante pas, qui ‘ nous voyans arrester tout soudain ils se jetterent dans le retranche- ment. Pendant que _i’estois à considerer leur contenance et logis, aul- cuns des miens se pourmenant à l’entour,, rencontrerent de leurs sol- dats et de leurs chariots chargez de vivres, qui leur serviront de curée ; et nfen estant revenu assez esclaircy qu’ils n'avoient aultre in- tention que se tenir clos et serrez dans leurs dicts retranchemens, tellement advancez que avec la faveur et advantage que la forteresse leur donnoit il y avoit trop de hazard de les y assaillir, je pensay qu’il estoit besoing de faire aultre desseing, et aprés y avoir bien advisé, sur le conseil des princes et seigneurs qui estoient prés de moy, je me resolus de venir assieger ceste place de Laon, dans laquelle-il y a un fils du duc de Mayenne?; ce qui pourra estre cause de faire quicter leurs forts aux ennemys pour la secourir et venir en lieu ou je luy pourray donner la bataille, ou bien ils auront la honte de perdre ceste place comme a leur veue, et s'ils peuvent m’en faire desmordre en assiegeant quelqu'une des miennes, _i’ay Dieu mercy assez de forces pour laisser la ville assiegée, et pour les aller combattre. i Suivant ceste resolution je la fis hier investir, et d’arrivée tous les fauxbourgs furent pris, et toute mon infanterie françoise est logée à couvert, et espere que bien tost_nous aurons gagné le pied de la mu- raille de tous costez : qui est ce que je vous puis dire de l’estat où je suis à present. Mais regardant plus loing, je ne vous puis taire que ayant assemblé grand nombre de noblesse, en quoy consiste la prin- cipale force de mon armée et qui y sont venus pour le secours de la ’ C'était le comte de Sommerive, son lui était resté si fidèle dans le comman- second fils, alors âgé de douze ans, que le dement de la Bastille. Cl1arles Emma— duc de Mayenne y avait mis avec le prési- nuel de Lorraine, comte de Sommerive, dent Jeannin, et en confiant la défense de mourut à Naples en 1609, sans avoir été la place au brave capitaine du Bourg, qui marié.