Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome4.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée
90
LETTRES MISSIVES

i y peut estre induicte par la consideration de ce qui touche son partiè culier et la seureté_ de son empire, vous remonstrerés que cela ne se peut faire, sinon en jectant par elle la guerre dans les estats dudit roy _ dlEspagne, avec une bonne armée de mer. Et pour venir au particu- lier du lieu et endroict ou elle pourroit plus endommager, vous vous servirés du memoire que je vous ay envoyé par llordinaire dernier, touchant les affaires des royaumes de Valence et Arragon ; congnoissant qu’il ne se pouvoit rien faire plus à propos que de fomenter par la venue de la_dicte armée les souslevations qui sont toutes prestes de ce costé-là, et faire ce pendant preparer les intelligences et moyens par la voye du vice—roy d’Acquier, et la provision de quelque bonne quan- tité d’armes, que fudroit, approchant farmée, jetter dans le pays ; et ne faut craindre _qu’il y_ eust grande resistance, ayant le dict roy d’Espagne épuisé dhommes les dicts royaumes, pour le grand effort - qu’il a intention de faire contre moy cesteannée. Les Espagnolz font courir le bruit que farmée du Grand Seigneur est pour tomber dans le golfe et mer de Venise, dont ils monstrent i en avoir beaucoup de contentement, pour estre asseurez que les Sei- gneurs de ceste republique seront obligez et forcez, par raison d’estat, _ d’unir leurs forces ensemble, qui ne seront rien moins que de 250 galleres. Et outre qu’il faudra que l'armée de Sa Haultesse, prenant ce chemin, face preuve avec les dictes forces, je ne vois point qu’elle se ` puisse promettre aucun benellice, mais plus tost du dommage et dan- ger de mettre la dicte armée en hazard de se perdre ; ce qu'ar1 ivant, je ne sçay si ceulx qui persuadent Sa Haultesse à telles fins pourroient y apporter quelque remedde. Vous ferés donc de ma part entendre à Sa dicte Haultesse qu’elle ne peut rien faire plus advantageux pour le roy d’Espagne et l’Empereur que de mander les dictes forces dans le golfe _de Venise, d’autant que ces dicts Seigneurs, par ce moyen, se separant de l’amitié et confederation qu'elles ont avec Sa Haultesse, pourroient neantmoins agrandir le nombre des forces du roy d’Es— _ pagne, mais encores ayder à l’Empereur pour la guerre de Hongrie, estant esmerveillé que les prieres que j'ay faictes depuis tant d’années