qu’ils les emporterent, non sans grand combat, comme il’appa— U
rut par trois cens, tant d’Espagnols que Wallons, qui nous sont
demeurez sur la place, ou il y a nombre de cappitaines. Le reste fut j
mené battant jusque dedans le camp retranché, ou lé baron de Biron,
avec cinquante cbevaulx de mon regiment, que conduisoit le s' de
Maligny, feit une charge entre le dict hameau et le camp ; ou il en
tua encores cent ou six vingts. Nous fumes dix heures enbataille
devant eux, pour voir si cest allront leur donneroit quelque envie
de la donner ; mais nous y recognusmes plus d’estonnement que de
courage, ifesprouvant leur mauvaise volonté qu’à force coups de ca-,
nous, dont ils nous tuerent plus de trente à quarante chevaulx dedans
nos escadrons. .l’av0'is faict avancer deux couleuvrines et une bas-
tarde, que nous iismes tousjours tirer à travers de leur camp, quelje
m’asseure qui les endommagerent Fort. Voyans que ne pouvions faire
davantage, nous nous retirasmes a nos quartiers, fort ayses d’avoir ne-
cogneu que nostre infanterie avoit presque autant davantage sur la
leur que nostre cavallerie. Nous regardons’aujourd’hu, y à pourveoir à
tout ce qui est des vivres pour les hommes, car pour lesi chevaulx il
n’est pas croyable le bon pays ou nous sommes, et leur preparer en-
core quelque attaque. Oultre la benediction que Dieu a faict paroistre
en general en tout ce que j’ay' entrepris contre ceste, a1 mée, _il en _
parut hier_ une particuliere en l'attaque de ce quartier, qui fut des-
fendu des ennemys à coups de mousquets et de picques. Il n’y eut
des nostres que trois de tuez et huict blessez : chose presque in-
' croyable, mesme à ceulx des nostres qui l°0nt veue. Dieu nous doint
tous les jours quelque nouveau subject de vous pouvoir mander quel-
que chose de bon. Priés Dieu pour nous ; nous nous battrons bien
pour vous. Bon soir, mon Cousin. Faictes part de ces bonnes nouvelles
à ma tante. De Varicarville, ce v° mai 1592.
j HENRY,
‘ Je ne vous escris point dema main, car certes je n’en ay le loisir,
mais vous cognoistrés bien que _ce» discours n’est de secretaire.
i Posbscriptum de la main du Roi. `
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