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LETTRES MISSIVES


` est sy familiere, et non pas de moins de jugement et de prudence ; a quoy je veulx aussy autant deferer qulà aulcun aultre advis ' me vienne de quelque part que ce puisse estre. J’ay recogneu, entre aultres points, que celuy sur lequel vous et mes aultres alfectionnez serviteurs faictes le principal fondement de Yestablissement de mes . affaires estsur le changement de religion, comme je—crois- veritable- ment que, cest article vuidé, il en vuideroit beaucoup d’ autres qui y sont attachez. Mais je vous prie de considererque, n’y. ayant nul plus interressé que moy au bien et soulagement de cest Estat et à l’establis— sement de mon authorité, qui en est inseparable, nul ne doibt aussy tant desirer ny se bander l’esprit à chercher les moyens d’y parve- nir que je fais et que je doibs faire ; et que celuy qui m’est proposé par vous, bien qu’il fust utile, ne peut estre sy prompt que l’on le desire ; car devant faire ceste resolution, je ne la veux poinct faire ` que par raison, et par ce qu’il faut, pour mon salut etle bien de 1non Estat, que je le face en ferme intention de _ne m’en despartir jamais, meritant bien, à ceste occasion, que ce soit avec quelque loisir etre- pos, pour en entrer en conference et en une meure et saincte consi- deration, comme en chose plus importante ne se puisse rapporter qu’en ce qui est de ma foyet de `ma religion. Ceulx qui sçavent l’estat "de mes affaires ont peu juger si, depuis que ceste succession m’est escheue, j’ay peu prendre le temps de ce loisir, et s’il ne m’est pas moins permis de le prendre maintenant qu’il n’a poinct encore esté ; i estant les affaires de mes ennemys en tel estat que, pour peu que je les abandonne et leur donne patience, ils acheveront d’usurper tout le reste de cest Estat, ou du moins de nfen laisser une petite part ; et pour peu que je continue aussy de les presser, et leur faire une i guerre un peu forte, je les puis ruiner et destruire : et par la com- , paraison de l’un à l'autre, il est aisé de discerner auquel il est plus necessaire de recourir, ou à celuy qui en se dillerant ne se rend que plus facile, ou à celuy dont perdant l’occasion elle est irrevocable. Lavconvocation que j’avois proposé de faire à Tours dés la lin du mois dernier, et la susdicte deliberation estant quasy une mesme Chose,