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2 l 9lL LETTRES MISSIVES i vostre filz. Ce n’est chose propre pour luy, et seroit le rendre inu- tile ; car depuis qu’ils sont à ceste charge, elle est sy cagnarde, que c’est la perte d’un—jeune homme. Vous me l’avés donné ; laissés-le- moy nourrir à ma fantaisie, et ne vous donnés peine de luy. J’en auray tel soin, que vous cognoistrés combien je l'aime pour l’a1nou1 y de vous. J'en ay parlé à la Basse, et de vos aultres aH’aires. Je suis en colere quand vous croyés qu’il ne me fault que vouloir. Je vous jure qu’estant roy de Navarre je n’ay point esprouvé les necessitez 'que je fais depuis un _an. Je suis devant Paris, ou Dieu nfassistera. La prenant, je pourray commencer à sentir les effects de la couronne. J’ay pris les ponts Charentonet Saint—lVlaur à coups de canons, et i pendu tout ce qui estoit dedans. Hier je prins le faux-bourg de Paris, ~ de force ; les ennemys y perdirent beaucoup et nous peu ; bien est vray que M. de La Noue y fut blessé, mais ce ne sera rien. Je lis brusler tous leurs moulins, comme j’ay laict de tous les autres costez. Leur necessite est grande, et fault que dans douze jours ils soient se- smourus, ou ils se rendront. J’envoie querir vostre fils, car je crois I qu’il se fera quelque chose de beau icy devant. Je retiens Castille pour huit jours. Je me porte trés bien, Dieu mercy, et vous aime plus que vous ne faites moy. Dieu me doint la paix : que je puisse jouir de quelques années de repos. Certes, je vieillis fort. Il n’est pas. croyable les gens que l’on met aprés moy pour metuer ; mais Dieu me ga1 — dera. Je suis, fort lidelement servy, et vous diray que les ennemys me feront plus tost mal que peur. Sur ceste verité, je te baiseray, mon ` cœur, un million de fois les mains, la bouche et les yeux. A Chelles, ce XIII`] may. i