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vier, au siége de Roquebrune, excite un regret général, et met en péril les affaires du Roi dans la Provence, où Alphonse d’Ornano est envoyé pour remplacer provisoirement la Valette. Le Roi revient au siége de Rouen le ig mars ; mais en son absence le comte de Soissons avait quitté l’armée et s’était rendu rapidement en Béarn, où madame de Gramont avait préparé Madame Catherine à l‘épouser dès son arrivée. Les ordres énergiques du Roi font manquer cette combinaison. La nouvelle activité que la présence de Sa Majesté imprime au siége de Rouen et plusieurs sorties malheureuses des assiégés réduisent la ville à une situation fort critique, au milieu d’avril. Villars fait dire alors au duc de Parme que, s’il n’est secouru avant le 20, il sera forcé de se rendre. Le général espagnol rassemble en un jour son armée et fait, à marches forcées, en trois jours, le trajet de l’embouchure de la Somme a Darnetal près de Rouen, ou il arrive le 20 au matin, et dont il fait aussitôt décamper le Roi.

Le duc de Mayenne s’oppose à la poursuite de l’armée royale, et ils vont assiéger Caudebec, qui est investi le 24. Le duc de Parme y recoit la blessure aux suites de laquelle il succomba à la fin de cette année. Rouen bien ravitaillé, Caudebec est rendu le 27. Les ducs, aux approches de l’armée royale, établissent un camp retranché à Yvetot. Le Roi arrive le 29 et les attaque ; tous les jours suivants, avec de brillants succès, puis leur coupe les vivres en interceptant la communication avec Lillebonne ; enfin il les contraint de se retirer de nuit a Caudebec, où, acculés à la Seine, -ils allaient se trouver à la discrétion du Roi, lorsque, par une des plus belles opérations stratégiques, le duc de Parme, malgré l’excessive largeur de la Seine en cet endroit, la passe, le 22 mai, avec toute son armée, sur un pont de bateaux, sans rien sacrifier. Ensuite il continue sa route à si grandes journées que le Roi renonce à le poursuivre, arrive à Charenton, fait jeter un pont sur la Seine, traverse la Brie et parvient à Château-Thierry, ou il séjourne en attendant l'argent pour la paye de ses troupes, puis se retire en Flandre.

Henri IV refuse à Elisabeth la cession du port de Brest, qu’elle demandait avec beaucoup d’insistance. En Dauphiné, la Ligue s’empare de Vienne et de Saint-Marcellin. En Provence, Antibes est repris par le duc de Savoie ; mais Lesdiguières entre, en septembre, dans le Piémont, où la diversion de ses nombreux succès, pendant le mois suivant, rappelle le duc de Savoie et dégage la Provence.