sieur Jamet, auquel j’ay commandé que le passeport fust expedjé, à
la charge qu’en chemin, en allant et venant, il ne se meslera d'aul-
cune affaire de la Ligue. Par une aultre des vostres jlay recogneu
que vous estiés picque d’un advis que vous dites vous avoir esté _
donné, comme vous en auriés grand raison si le subject en estoit
veritable ; mais je vous puis asseurer que pour ce'que l’on y dict
estre de mon dessein et intention, qu’il ne llest pas, et ne crois
poinct qu’il le soit aussy pour le reste ; pour le moins je vous puis
dire qu'il nlen est rien venu à ma cognoissance ; et comme mon na-
T turel n’est poinct d’avoir les oreilles ouvertes et faciles aux calom-
nies de mes amys et bons serviteurs 1, que je n’ay poinct eu de peine
de les fermer pour vostre regard, de qui je ne souffriray aussy que
fon me parle que ainsy que Yon doibt de personnes que je fais
profession publique d’aimer et estimer. Les cliaritez ne furent jamais L
à la verité en plus grand usage ; mais il n’y eut aussy jamais meilleur
_ moyen de s’en justifier, cliascun ayant quasy à sa porte de quoy de
bien servir et convaincre ceulx qui en veulent mal parler. V ous avés
faict de sy longue main provision, et la faictes tant encores tous les
jours de ceste justification, que la mesdisance et fenvie n’y peuvent
mordre 2. Pour le moins, pouvésvous estre asseuré que cela ne ine
fera jamais changer ni diminuer la bonne opinion que j’ay, avec beau-
e coup de bonnes preuves cogneues de long temps, de vostre fidélité
et particuliere affection à mon service, et en pouvés avoir fesprit en
repos de ce costé. . ‘
Je reserve à quand je seray à Tours à satisfaire ce qui est de
J ‘ C'est—à-dire : aux accusations contre fait un grand tort à Henri IV, et avait
mes amis et bons serviteurs. Cet emploi donnéun trèsdangereux exemple, lorsque,
du mot calomnie se rapproche du sens de mettant en avant des scrupules de religion,
ce mot calumpnia, d’un usage si fréquent il avait pris congé de ce prince quelques
dans le latin du moyen âge. jours après la mort de Henri III, et s°était
’ La puissance crcessiveàlaquelle était retiré dans son gouvernement de Sain-
parvenu le .duc d'Epernon obligeait aux longe, avec toutes les troupes qu'il com
plus grands ménagements envers cet or- mandait.
gueilleux favori de Henri III. Mais il avait
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LETTRES MISSIVES