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DU ROI DE NAVARRE. l19l la conscience, si je blasmois les vostres qui seroient fondées sur ce pretexte- là. Ce qui a este. excusable en ceulx de la Religion, vous , le diries loisible en vous ; mais puisque vous aimés ce qu’on tient comme à reduire à vostre exemple, mettes—vous donc au moings en . mesmes termes qu’eux. S’ils eussent voulu planter à coups d’espées _ leur creance en France ; s’ils eussent faict une guerre olfensive à leur _ Boy, devant que d’estre attaquez et forcez à se defendre, qu’eust—on dict ?_ Ils ne font jamais faict ; tousjours ils ont esté sur la defensive, tousjours prests à recevoir la paix quand on leur a voulu donner. Et neantmoings, pour ce seul regard que l’oinct du Seigneur, celuyà qui lesceptre appartient, estoit contre eux, Dieu n'a pas tousjours beni leurs armes, pour monstrer aux peuples qu’il n’a rien si cher que de conserver la majesté des roys, image de la sienne, et ses lieu- tenans en la terre. Vous aves aultrefois accusé ceulx, de la Rochelle, vous les avez injustement nommés traistres et rebelles, pour ne vou-. loir pas quitter la liberte de leur conscience et mettre leur vie. à l’a- bandon et à lamercy de leurs ennemis. Si vous leur envies ces beaux _ noms-là, attendés donc au moings que, comme eux, vous voyiésipublier des edicts par lesquels on proscrive tous les Catholiques de France ; attendee que vous les voyes tuer par toutes les bonnes villes vos voi- sines, et une armée ennemie fondre sur vos murailles pour vous sac- cager : lors, la crainte excusera vos armes ; la necessite, vostre rebellion. ` Mais jusques là, mes Amis, qu elle haste aves-vous de donner à vos en fans, des perfides, des rebelles, des criminels de leze-majesté en leur A ' race P Vous repliquerés qu'il ne sera pas temps lors, et que vous y. voules pourvoir auparavant. Si vous estimés vostre cause et vostre lin meilleure que celle de ceulx de la Religion, vous deves donc croire par consequent que Dieu ne vous favorisera pas moings qu’eux, puis- que vous vous servés de leur imitation. Souvenés-vous donc qu'ils ont eu à faire à l’E stat de France florissant, à des Roys bien obeys, bien estahlis, que souventon les a surpris, on a tue leurs chefs. Ils n’ont jamais donné coup, que premierement ils n’en ayent receu deux ; ils ' n"ont jamais en ces prevoyances que vous aves ; et neantmoins, apres, 6:1.