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lJ56 LETTBES MISSIVES e. bateau qui se perd, et n’y a nul remede que la paix : qu’on s’en ima- gine, qu’on en cherche tant d’aultres que l’on vouldra.. Pour conclusion donc, moy, plus affectionne ( je le puis dire) et plus interessé en cecy que vous tous, je la demande, au nom de tous, a’u Roy mon seigneur ; je la demande pour moy, pour tous les Fran- çois', pour la France. Qui la fera aultrement, elle n'est pas bien faicte. Je proteste de me rendre mille fois plus traitable que je ne feus jamais, si jamais j’ay esté diflicile. Je veulx servir d’exemple à tous, par l'obeissance que je monstre à mon Roy. Mais, aprés vous avoir tant et tant de Fois protesté et declaré ce ` qui est de mon debvoir et ide nostre prolict commun, je declare donc à la fin :Premierement à ceulx qui sont du parti du Roy, mon seigneur, que s’ils ne luy conseillent de se servir de moy et des moyens que Dieu m’a donnez, s’ils ne s'accordent a ceste saincte, deliberation, non de faire la guerre à ceulx de Lorraine, non à Faris, à Orleans ou à Thoulouse, mais à ceulx qui empescheront la paix et Tobeissance deue à ceste Couronne, qu’ils seront seuls coul- pables des mal-beurs qui arriveront au Roy et à ce Royaume, et moy au contraire, dechargé de ce blasme, et acquitté de la foy que j'ay à mon Prince, duquel j’ay, autant que jlay peu, empesche et empescheray le mal, veuillent-ils ou non. Et quant à ceulx qui retiennent encores le nom et le parti de la Ligue, je les conjure, comme Francois, leur commanderois volon- ' tiers encores, c_omme à ceulx qui ont cest honneur de nrappartenir, et de qui les peres eussent receu ce commandement. à beaucoup de, faveur, je m’en asseure. (si ce n’est de ceste facon, je le feray, neant— moins aprés -le Roy, comme le premier prince et le premier magis- trat de France), qu’ils pensent à eux ; qu’ils se contentent de leurs pertes, comme je fais des miennes ; qu’ils oublient le particulier pour le public ; qu’ils donnent leurs passions., leurs querelles, leurs vengeances et leurs ambitionsau bien de la France, leur mere, au service de leur Roy, à leur repos et au nostre. S’ils font aultrement, jespere que Dieu n’àbandonnera poinct tant le Roy, qu’il n'acheve —