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LETTRES MISSIVES


droict aura-il sur la noblesse? Au chef de la noblesseyquel ordre parmi eux? Pitié, confusion, desordre, miseres_par—tout. Et voilà le fruict de la guerre. 4 Ce n’est pas par oubli que je ne dis mot de ceulx du Clergé, mais je ne veulx parler dleux, craignant qu'ils ne nfadvouent, m’estimant plus leur ennemy que je ne suis. A la verité, jlay plus d’occasion de me plaindrede leur ordre que de tous les deux aultres de la Fra ce ; _ mais n’importe,. il y a des gens de bien parmy eux. Quant à leur pro ; fession et leur relligion, en quelque chose je leur suis’contraire ; en nulle, leur ennemy ; en d'aultres, nous sommes d’accord, ne fust-ce qu’en ce qui touche'la conservation des privileges de l’Eglise_ de i France, contre les usurpations des Papes. Quoy que ce soit, si _i’a— vois avec eux toutes les prises du monde, je les mettrois souhs le pied à ceste heure, emporté par une plus forte consideration, qui est celle du service de mon Roy et du bien de cest Estat. Cependant, qulesperent-ils de faire? La guerre epuise leurs deoimes au pays. ou ils ont plus de credit ; aux lieux ou _i’a y puissance, je leur retiens quasi tout, et a cela je ne puis remeclier. Mais à la longue, la dis- sension s'estant mise entierement, que peuvent-ils devenir? Qu’ils regardent quel chemin prennent nos villes, nos peuples, nostre noblesse, et qu’ils considerent, eux qui ont ou doibvent avoir la pieté en recommandation, s’il y. a rien qui y soit si contraire que les ` 1 vices et debordemens ; s’il y a rien qui deborde tant les hommes que la licence de la guerre civile. Qulils jugent encores si, eux qui ne se sont enrichis et augmentez que par la paix, par l’ordre, par l’obeis- sance à nos Roys,.par la devotion, n’iront pas desormais en dimi- nuant par la guerre, les confusions, fimpieté et la mutine deso- beissance.. _ Aprés avoir parlé à tout le monde en particulier, je dis encores cecy en general :-soit que Dieu benisse les desseings de nostre Roy, et qu’il vienne à bout de tous les mutins de son Royaume, il est miserable s’il fault qu’il les fasse tous punir comme ils le meritent. `_ Quoy! punir une grande partie de ses villes, une grande partiede ses