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LETTRES MISSIVES

. que l’on a eus contre moy, de combien on m’a assailly, de combien on ya profité ; alin au moins que vous jugiéssans passion que Dieu ne m’a poinct conserve contre tant de forces, sans miracle ; que ce mi- racle ne- seroit poinct, si l’innocence,‘ le bon droict_et la justice ‘ n’estoient de mon costé. lfaultre, pour vous faire juges si ce que je dis maintenant, je le dis de peur ; si _j’ay occasion de flatter mes pa- roles ; pou1 la crainte d’ung plusrude chastiement que ceulx que _i’ay receus ; si c’est Yappreliension de ma ruyne qui me faict ployer, ou,' _ au contraire, si c’est le vray sentiment des miseres de mon pays, l’amour de la paix, la grandeur de la France, qui me poussent à ce langage. #. i i Je ferois le-soldat, si je vous disois par ordre quelles armées de- puis quatre ans sont venues à moy. Vous penseriés que jervous vou< u lusse conter mes vaillances. Non, ce n’est pas mon intention. Que pleust 'à Dieu que je n’eusse jamais esté capitaine, puisque mon ap— . prentissage se devoit faire à tels despens. J’aurois bien plustost laict - de vous demander quels chefs la France a encore de reste, aprés ceulx qui sont venus contre moy ; J'ay veu en quatre ans dix armées', dix 'lieutenans de Roy, ayans derriereeux les forces et l’appuy du près mier’royaume de la Chrestienté. Vous estimés que ce me soit gloire : tant sien fault. Je vous diray, pour vous faire perdre ceste opinion, que, de ces dix armées, je n’ay eu allaire en-ellect qu`à lune, que jlay combattuë et deffaite. Et en celle-là, Dieu s’est voulu particulierement servir de mon moyen pour sa ruyne. Mais en toutes les aultres, je n’y ay 'eu quasipoinct de peine ; elles se sont presquelonduës devant que de me veoir ; et aussi tost en ay—je entendu la dissipation que la venuë. L’ange, la verge de Dieu, leura osté le moyen de me nuire. Ce n’est point à moy à qui la gloire de cela appartient ; je n’y.ay presque rien apporté du mien. — Mais, enellect', quel estleur ellect? Sçachés—le de’vos depputez qui sont des provinces où' ceulx'de la Religion ont quelques lieux de retraite. Considerés l’e’stat auquel ils estoient auparavantla guerre, et celuy où ils sont à ceste heure. Et quant et quant vous jugerés