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[1585. — fin de mars.] — Ire.

Cop. — Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, n° 50, Lettres historiques, p. 264. Communiqué par M. le préfet.


À MESSRS DE LA COURT DE PARLEMENT DE TOLOSE

Messrs, Vous ne m’eussiez sceu faire plus grand plaisir que de m’advertir des rapports qu’on vous a faicts contre moy[1], avant que d’en juger sinistrement, vous ayant cy devant prié de n’ajouster foy aux bruicts qu’on faisoit courir, que j’avois resolu de prendre les armes. Aussy desirois-je bien vous esclaircir de l’umbrage que l’on cuide donner aux villes catholiques, par mes actions, et les vous rendre si sinceres que l’on cognoisse que tels rapports ne procedent que des ennemys du Roy, qui, par cest artifice et mensonge, taschent à me priver de ses commandemens et de la creance de ses fideles serviteurs et subjects ; car il ne se trouvera veritable que j’ay depesché une seule commission pour faire levée, ni de gens de pied, ni de gens de cheval (si quelqu’un se vante d’en avoir, c’est faulsement) ; moings encores que je me veuille saisir d’aulcune ville, les ayant adverty toutes de se tenir sur leurs gardes ; et avez à veiller que ce ne soient personnes qui ayent desseing, ou de vous mettre en deffiance, ou de vous troubler. Je vay moy-mesme avec mon train ordinaire sans aul-

  1. Le premier président Duranti et une notable partie de la compagnie se montraient fort zélés pour la Ligue, dans l’intérêt de laquelle ils ne cessaient de surveiller les démarches du roi de Navarre et du duc de Montmorency. Ces deux personnages s’étant réunis à Castres, au milieu de ce mois de mars, se donnèrent publiquement l’un à l’autre toutes sortes de marques de confiance et de considération. Le lendemain de l’arrivée de Montmorency, le roi de Navarre allant au prêche en cérémonie, « le duc l’y accompagna, dit dom Vaissète, et après que le roi eut pris sa place, il fit la révérence à ce prince, se retira par la petite porte de derrière, et dit en sortant que le temple étoit beau, et que le premier président de Toulouse ne seroit pas longtemps sans sçavoir qu’il y avoit été. Il revint à la fin du prêche prendre le roi pour l’accompagner chez lui. » (Hist. génér. de Languedoc, l. XL.) Après cette entrevue, qui dura huit jours, le roi de Navarre revint à Montauban, le 27 mars, et y resta jusqu’à la fin de ce mois, comme le constatent les comptes originaux de sa dépense.