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_ DU ROI DE NAVARRE. `.295 sommes tenus dans une guerre defensive, nous renfermans dans nos places sans nous mettre en campaigne, afin de soulager le peuple des miseres et des calamitez que causent les gens de guerre, quelque dis- ciplinez qru’ils. soient ; comme aussi esperant que nostre patience at- tiediroit la fureur et la rage de ceulx de la maison clelaorraine, et que ce pendant Sa Majesté recognoistroit la verité de leurs pernicieux desseings, qui est dexterminer totalement la maison de France, et de parvenir 'à usurper ce Royaume, jadis si florissant, suivant le plan que leurs predecesseurs leur ont tracé, et dont les memoires trouvez entre les papiers pris a'Aussonne font foy, oultre les aultres preuves certainesque l’on en a dlailleurs, et que Sa Maj esté aprés lavoir cognu y apporteroit le remede qu’elle estimeroit le plus necessaire et le plus- salutaire. Malgré cela Sa Majesté, en proie aux artifices des partisans de ceste maison et de la Ligue, se trouve tellement resserrée par les Ligueurs, et leur audace est accreue à.un tel poinct que, depuis trois ou quatre mois, ils ont plusieurs foisset a diverses reprises osé entre- prendre contre sapersonne etcontre la ville capitale de son Royaume, ils ont soulevé et faict armer de nuict la populace, se sont emparez de quatre ou cinq places dans le gouvernement de Picardie, attaqué et defait les troupes que le Roy y envoyoit, afin de conserver les places qu’ils avoient surprinses. Ils ont mesme retenuprisonnier celuy , qui conduisoit ce secours ; Lorsque Sa Majesté les a sommez de luy remettre les places, ils ont commencé à capituler avec’Elle, et ont eu l’audace de luy demander Angers et Valence, qu’ils se plaignent qu’on I leur a enlevez, comme s’ils y avoient quelques droits. C’est ainsy que Sa Majesté s'est veue f’orcée, pour acquerir leur amitié, de leur aban- donner les places qu’ils luy ont prinses sa Picardie, et de leur rendre les prisonniers qui avoient attente sur Bologne., au lieu d’en faire une punition exemplaire, ainsy que des aucteurs de ces troubles, telle que la meriteroient des criminels de leze-majesté. Par quoy, ` Nous, Henry, roy de Navarre, premier prince et pair de France, À Henry de Bourbon, prince de Condé, et Henry de Montmorency, pre- mier officier de la couronne et mareschal de France, craignans que