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jamais ; ne voulant obmettre à vous dire, Madame, que tout ainsy que je ne vous peux procurer un plus propre interprete de mes affections que le dict sieur de Segur, ainsy ne pouvez-vous choisir personne, mesme entre vos subjects, plus affectionné à prescher vos vertus. Il n’y a que une chose en quoy je me pourrois plaindre de vous, Madame, quelque assurance que vous me donnez de sa fidelité : c’est que j’ay occasion, par ses propos, de croire qu’il a esté gaigné et corrompu par l’honneur et la faveur qu’il a receue de vous ; dont toutesfois je ne suis deliberé d’entrer en jalousie, d’aultant que mon intention est que vous croyés que le maistre estant vostre, tous mes serviteurs soyent pareillement à vous, et desdiés à vostre service. Et parce que j’espere depescher bien tost l’un des miens vers vous, je ne vous ennuieray de plus longue lettre, laquelle je ne puis finir, pensant parler à vous mesmes : et vous supplieray, Madame de croire qu’il n’y a personne au monde dont vous puissiez faire plus d’estat que de

Vostre tres humble et tres obeissant

serviteur et frere,


HENRY.


[1585. — vers la mi-mars.]

Orig. autographe. — Biblioth. de l’Arsenal. Recueil d’autographes.


AU ROY, MON SOUVERAIN SEIGNEUR.

Monseigneur,

Voyant les pratiques et sollicitations des auteurs des ligues continuer et s’eschauffer plus que auparavant en ce gouvernement, j’ay pensé que je feroy faulte à mon devoyr et au bien de vostre service, si je n’en donnois bien particulierement avys à Vostre Majesté ; c’est pourquoy j’ay depesché presentement le sr baron de Salignac, bien instruict de tout ce qui se passe par deçà et que je connoy importer