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[1585. — vers le mois de février.] — Ire.

Orig. autographe. — B. R. Fonds des Cinq-cents de Colbert, Ms. 9, fol. 194.


[AU ROY, MON SOUVERAIN SEIGNEUR.]

Monseigneur, Je suis contraint par la raison et par les merites et ancien eage de mr du Ferryer, lequel m’est venu trover et servir en estat de chancelier par le commandement esprés de Vostre Majesté, de vous faire une tres humble requeste pour luy : qui est, qu’atendu ses anciens et recommandables services, tant en vos cours de parlemens que autres legations et ambassades, où il a esté employé et a si dignement servy avec honneur et reputation, il vous plaise commander qu’il soit payé de ce qui lui est deu et verifié en vostre chambre des comptes, non pour recompense, mais pour sa depense, entretenement et argent deboursé, estant à Venise ; et en outre commander que le payement de sa pension de deux mil livres luy soit continué ; dont il avoit toujours esté payé depuis vingt et sept ans, et qui luy a esté par le feu roy François baillée, non pour le regard d’aucun estat ou office qu’il eust, mais pour vostre service, qu’il fist en Italie pour la reconciliation de feue madame de Ferrare avec son fils, laquelle il amena en France. Ce qui m’en fait parler avec plus de sujet, Monseigneur, outre les considerations de ses merites et services et de son vieil eage et qu’il en a esté tousjours payé, jusqu’à ce qu’il est venu auprés de moy, ce qui ne luy devroit nuire, attendu l’honneur que j’ay de vous appartenir de si prés, ne servir d’occasion de le priver des effects de vostre bonté, mais plus tost luy aydera estre gratifié de Vostre Majesté, de laquelle il a eu commandement pour y venir ; et d’autre part il est de telle integrité, qu’il vous faict icy service et n’y voudroit estre autrement. Esperant, Monseigneur, que la tres humble priereque j’en fais à Vostre Majesté pour le dict sieur du Feryer aura quelque poids envers Elle, outre les considerations de ses merites et de son eage, me gardera de vous ennuyer de plus longue lettre, si ce