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LETTRES MISSIVES


roy Jean, mais pour esteindre le sang et la posterité de France, pour reduire vostre Roy en servitude et en prison, or, je sçay trés bien que le Roy vous en aurasceu gré ; et tous bons François’ont ceste obligation en vostre endroict ; mais j’y en ressens pour moy une tres _ speciale pour le rang que Dieu m’a ordonné en ce Royaume, et pour estre, puisqu’il luy a pleu, des enfans de la maison. J ugés quel be- soingi il nous estoit de ceste guerre! Vous sçavès que cest Estat se ren- i doit de jour en jour capable dlune paix ; sli] lalloit rien remuër en J ` la religion, sans rien alterer, il ne falloit qu’appeler un bon concile ; si,' au maniement de cest Estat, le Roy n’eust pas refuse d’ouvrir une assemblée d’estats ; et, pour couper le chemin à ces mal—l1eurs, vous sçavésque je m’y suis soubmis par declaration expresse, mesme de vuider par un duel ce que les perturbateurs eussent peu particulie. rement pretendre contre moy. J _' . Ceulx donc qui ont retuseces beaux moyens sont les aucteursde la guerre, et d’une guerre non necessaire, et donc injuste ; moy, qui les ay desirez, et qui volontiers m’y suis soubmis, me sens descliargé de tous les maulx qui en viendront. Car des moyens legitimes, o'n a - pris plaisir de me reduire aux extremitezi extremes ; tellement que les armes que j’ay en la main sont naturelles et necessaires, et donc trés justes. Compares en somme mon obeyssance à leur rebellion, ma grande patience à leur precipitation, mes modestes actions à leurs passions immoderees ; et vous proposés sur tout cela quels ils sont en ce Royaume, et quel _i’y suis. Vous conclurés qu’il m’est faict un tort inestimable, dont il n'y a` gentil-homme en ce Royaume qui ne s’el`- forcast, et à qui il ne feust permis ; d’en avoir raison. Je le dis avec verité : ien apprehende les consequences ; je voy que les innocens en soullriront. Mais soubvenés-vous tousjours que mes ennemis sont - ceulx qui ont este desclarez ennemis du Roy et du Royaume ; qu` ils, ont troublé le repos, appelé les estràngers, fait exterminer les do- mestiques, emprunté les ennemis et employe leurs moyens, non à ma ruine seule, mais à la confusion de cest Estat. Lors, Messieurs, ' vous imputerés à leurs ollellses tous les inconveniens que peut ame-