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DU ROI DE NAVARRE. 171 de n’accepter poinct une si belle voye I Quel tort faites-vous au vostre de les accompagner contre moy, vous qui feriés conscience contre l’un de vos voisins d’assister une supercherie l Ne pensés, Messieurs, que je les craigne. Je sçay ce que peut la force contre moy : on sera plus tost lassé de m’assaillir, que je ne seray de me defendre ; je les ay portez. plusieurs années, plus forts qu’ils ne sont, plus foible beaucoup que je ne suis. Vous avés experience et jugement : le passé vous resoudra de l’avenir. i U Je plains certes vostre sang respandu et despendu en vain, qui devoit estre espargné pour conserver la France. Je le plains employé contre moy, qui le me deviés garder, estant ce que Dieu m’a faict estre en. ce Royaume, pour, dessoubs Yauctorité et le bonheur du Roy, joindre une France à la France, au lieu qu’il sert aujourddiuy à la chasser de France. Je le plains aussi qui ne sera, ny payé, ny plainct presque d’aulcun. Car le Roy, forcé en son vouloir, ne se tient pas pour servi en ceulx qui luy font force. Ceulx d’ailleurs qui luy font force ne vous scauront pas de gré de ce service, qui scavent que c’est le nom du Roy et non pas le leur que vous servés. Messieurs, Dieu vous doint d’y bien penser : les princes Francois sont les chefs de la Noblesse. Je vous aime tous ; je me sens perir et afioiblir en vostre sang ; Yestranger ne peut avoir ce sentiment.; Yestranger ne sent point d’interest en ceste perte. J’aurois bien à me plaindre d’aulcuns :, _j’aime mieulx les `plaindre. Je suis prest de les embrasser tous. Ce qui me deplaist, c’est que ceulx que je distingue en mon espritpque je scay avoir esté i circonvenus, je ne les puis distinguer au sort des armes. Mais Dieu sçait mon cœur ; leur sang soit sur les aucteurs de ces miseres. Quant B à moy, Messieurs,. je le prie, et le prieray incessamment qu’il luy i plaise ouvrir la. voye par laquelle son nom soit servi et honoréfle ` Roy obey, l’Estat en repos, tous les ordres et estats de ce Royaume ' en leur ancienne dignité, prosperité et splendeur. Amen. De Montauban, ce premier jour de janvier 1586. ‘ ` Vostre bien afïectionné et asseuré amy, _ i HENRY. i i 22.